« Parfois, il est de ces échanges qui ne ressemblent à aucun autre. Ce sont eux qui démarrent une histoire. » Cette histoire, c’est celle de la famille Bonnegarde, haute en couleur et dont le deuil récent va transformer le quotidien en épopée écologique et révolutionnaire.
Le point de départ ? La mort du patriarche des Bonnegarde : selon ses dernières volontés, il est décidé de planter sur un terrain de golf l’urne contenant ses cendres, afin qu’il devienne un « hêtre sublime ». Ce jeu de mots donne la couleur du récit, qui va tendre à établir un parallèle entre le traitement réservé aux humains et celui réservé aux arbres.
Mafia des forêts
Car cette épopée rocambolesque se déroule dans un monde où une société privée a pris le contrôle des forêts. Elle a acquis tous les arbres d’Europe dans le but de les rendre plus productifs, à la faveur d’un tri entre les essences jugées insuffisamment performantes, qui seront sacrifiées, et les autres qui seront équipés d’une puce électronique destinée à les contrôler.
Dans ce contexte, planter les cendres du grand-père destiné à devenir un hêtre est interdit. Mais nos protagonistes forment une famille soudée, déterminée à respecter les dernières volontés de l’aïeul, quitte à devenir hors-la-loi. « Ne pas se résigner » est le mantra des Bonnegarde, que leur détermination et leurs convictions vont transformer en véritable bande organisée.
La tension monte tout au long du récit, dont le rythme s’accélère à mesure que les liens familiaux sont mis à l’épreuve. L’amour et la loyauté qui unissent le clan sont sublimés par l’écriture poétique et mélancolique de l’autrice. Si ce texte peut sembler pessimiste en ce qui concerne le devenir du respect du vivant, on peut compter sur les initiatives individuelles pour sauver l’espoir. Un roman à l’image des ambitions d’Eyrolles en fiction : produire de la littérature populaire, mais exigeante dans sa recherche de qualité.
