23 février > Roman Etats-Unis > Adam Haslett

A priori, c’est une famille heureuse. John, Margaret et leurs trois beaux enfants, Michael, Célia et Alec. Ils vivent à cheval entre les deux côtés de l’Atlantique (Londres, dont John est originaire, et les Etats-Unis, où il travaille le plus souvent, à des affaires un rien mystérieuses) et deux époques (la fin des libertaires 70’s et le début des "années fric" 80). Tout irait pour le mieux dans la meilleure des félicités domestiques possibles si la tristesse et l’angoisse n’étaient venues poser un voile sur ce bonheur qui aurait pu être. Lorsque, en Angleterre, des années auparavant, Margaret est tombée amoureuse de John, il lui a fallu accepter qu’il était sujet à des accès de mélancolie qu’elle aura du mal à nommer de son vrai nom : la dépression. Les années vont passer, le mal rôder, un homme va s’en aller, un fils va hériter de son père, et la peur, toujours, demeurer. Il y aura une île dans le Maine, les grandes vacances de la vie et peut-être, au bout de la nuit et du chagrin, l’ébauche d’une résolution.

Imagine que je sois parti est le deuxième roman de l’Américain Adam Haslett, après L’intrusion (Gallimard, 2010), et un inaugural recueil de nouvelles paru en 2005 à L’Olivier, Vous n’êtes pas seul ici. C’est d’une infinie élégance, plein d’une délicatesse inusitée dans le roman américain depuis les premiers livres de Michael Cunningham, auquel il emprunte un motif discrètement homo érotique. Haslett se joue de tous les pièges qui s’offrent à lui et en particulier la psychologie, par une "palette chromatique" où aux états d’âme des personnages répondent sourdement le passage du temps, les paysages. Du grand art. O. M.

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