C’est un retour aux éléments que propose d'abord Gaspard Koenig. Après la terre, place à l’eau avec son nouveau roman Aqua. Déjà lauréat du prix Interallié et du prix Jean Giono pour Humus, qui a conquis un large public en 2023 (plus de 100 000 exemplaires vendus), l’écrivain nous emmène cette fois à Saint-Firmin, un village normand.
L'intrigue ? Emma Saudin la résume en une formule évocatrice : c’est « Manon des sources au temps des communautés de communes ». On y suit une jeune maire qui tente de reprendre en main la gestion de l’eau locale. Pour l’éditrice, ce texte est « vivifiant » et ne cesse de surprendre grâce au talent de conteur de Koenig. C’est, selon ses mots, « un très grand roman du vivant ».
L’éditrice présente ensuite le deuxième roman de Juliette Oury, très attendue par les nombreux lecteurs et lectrices du premier roman de cette écrivaine, paru en 2023, Dès que sa bouche fut pleine, déjà publié par Emma Saudin chez Flammarion (où l’éditrice officiait jusqu’en 2025). Dans Brûler grand, Juliette Oury s'attaque à un sujet inflammable, justement : notre rapport au travail.
À travers une héroïne magistrate « vraiment au bout du rouleau », la romancière signe un texte « plein d'intelligence et de fulgurances » qui, d’après les premiers retours de lecture, « frappe juste » et parvient parfaitement à capter l'époque.
Un premier roman, enfin – ils semblent rares pour l’instant dans les programmes de cette rentrée –, celui de Félix Moatti, intitulé Voir clair. Connu comme comédien, notamment pour ses rôles dans Lol, Médecin de campagne et Le grand bain, il réalise une « entrée en littérature » remarquable, d’après son éditrice à travers ce roman dans lequel il aborde la peur de devenir adulte avec une « tendresse féroce » et un « humour grinçant ». C’est un texte que l’éditrice qualifie d’ « existentiel, tourmenté » et qui se lit « avec délice ».
Narrative non fiction
Au rayon étranger, Emma Saudin présente une « narrative non fiction » signée d’une autrice américaine, Lara Marlowe sous un titre éloquent Comme il est bon de ne pas craindre la mort. Traduit par Laurent Nunez, ce texte à la croisée du témoignage, du roman et du documentaire est une plongée au cœur de la guerre en Ukraine aux côtés d’une femme de 30 ans qui commande une unité de pilotes de drones. Pour Emma Saudin, c'est « le roman vrai de la guerre en Ukraine », un texte « absolument incroyable de courage ».
Et pour celles et ceux à qui cette rentrée littéraire foisonnante donnerait quelques démangeaisons d’écriture, Emma Saudin délivre ses conseils pour rejoindre son catalogue : « lire, lire et lire ». Mais ce n'est pas tout. D’après elle, il ne faut pas choisir une maison d'édition par hasard, mais parce qu'on la « désire ». Il s'agit d'aller vers un catalogue parce qu'on y sent une « filiation », une appartenance à un « même monde ». Lire, lire et lire, donc mais de préférence les auteurs et autrices publiés par la maison à laquelle on aspire !
Pour clore cette vidéo, Emma Saudin dévoile ses désirs secrets d’éditrice : une appétence croissante pour la science-fiction. Pour elle, ce genre littéraire, qui permet de créer « d’autres mondes » est aussi celui qui, curieusement, traduit le mieux le « monde dans lequel on vit ».
C’est un constat qui apparaît de façon tangible dans le domaine de l’écologie – où les romans d’anticipation, de science-fiction ou encore d’écofiction connaissent une expansion forte ces dernières années – mais qui peut s’étendre aux autres champs de la société actuelle : la science-fiction, comme le souligne Emma Saudin, permet de formuler des hypothèses sociales, politiques et environnementales pour poser les questions de notre monde « de l'intérieur ». Pour une maison d’édition conçue comme un Observatoire de l’ici et maintenant, se tourner vers l’anticipation s’annonce comme un chantier exaltant.
