Qu’est-ce qu’une Murmuration ? Il faut lire le prochain roman de Sylvie Germain pour le savoir. Lauréate du prix Femina (1989) et du Goncourt des Lycéens (2005), entre autres, la romancière française, célèbre dans de nombreux pays, recevra les honneurs des Cahiers de l’Herne en janvier 2026 à l’occasion de la sortie de son presque 40e roman intitulé Murmuration.
Elle y raconte l’histoire de Samuel et à travers lui, le pouvoir des mots et des visions qui « s'entrelacent, s'enflamment, tournoient sur le mur comme une horde d'étourneaux à la tombée du jour, à l'heure de la murmuration, éclaboussant le ciel de volutes et de torsades qui se dilatent en immenses spirales, se condensent en ovales massifs pour éclater soudain, se disperser puis se reconstruire en de nouvelles figures monumentales et à la fin filer en jets obliques vers la terre, laissant le ciel nu, livré à l'épanchement de la nuit, du silence. » Pour Véronique Ovaldé, « chaque phrase de Sylvie Germain est un trésor ».
L’éditrice présente aussi le nouveau roman de Jean-Yves Jouannais intitulé Une forêt. Critique d’art et écrivain, auteur de plusieurs romans et essais, dont le remarqué Artistes sans œuvres. I would prefer not to, portant sur les refus artistiques, Jean-Yves Jouannais imagine, cette fois, l’histoire de Jacob Michael Lenz, avocat et capitaine dans l'US Army, appelé par un tribunal pour une affaire hors du commun.
Des oiseaux parleurs peuplant une forêt de Brême ont appris à chanter des hymnes nazis et les transmettent à leurs oisillons. « On en a donc pour 1 000 ans, dans les forêts d’Allemagne, avec des chants nazis », s’exclame Véronique Ovaldé, partageant son enthousiasme pour un roman dont le résumé contient, à lui seul, l’absurdité persistante de l’héritage nazi, mais qui résume aussi le style érudit et kafkaïen typique de cet écrivain.
Nouvelle ou « bref récit »
D’une forêt à l’autre, l’éditrice présente, enfin, Seules les rivières, le 7e roman de Patrice Gain. Auteur de thrillers multi-primés, lauréat, entre autres du prix des lecteurs de Quai du Polar pour Le sourire du scorpion, Patrice Gain est aussi ingénieur en environnement et grand connaisseur de la montagne. Dans ce livre, il met en scène la fuite d’une jeune femme de 16 ans, Jess, qui se lance dans un voyage sans repère, semé d’épreuves, de violences, mais aussi de beauté, de nature et d’amour, loin de sa famille. Pour son éditrice, Véronique Ovaldé, Patrice Gain est « l’un de nos écrivains les plus forts dans le nature writing à la française ».
Et puisque c’est bientôt l’heure des cadeaux, Véronique Ovaldé dévoile un secret d’éditrice : le genre littéraire qui la fascine en ce moment. À l’instar de l’éditeur Ludovic Escande, chez Gallimard, interrogé quelques jours avant elle et qui partage sa passion, Véronique Ovaldé s’intéresse à la nouvelle. Un plaisir de lecture auquel il faudrait, d’après elle, trouver un autre nom – « bref récit » peut-être ? – pour qu’il cesse d’être considéré comme « difficile à écrire » alors qu’il ne l’est pas particulièrement.
Très populaires aux États-Unis, en Amérique latine et au Japon, ces « brefs récits » que Véronique Ovaldé compare à des « joyaux » ou à des « petits cailloux ronds et parfaits », feront-ils leurs ricochets jusqu’aux portes de Gallimard et d’Albin Michel ? Les paris sont lancés.
