La Sirène chante à nouveau. Fondée en 1917 par le libraire Paul Laffitte qui publia notamment Blaise Cendrars et Apollinaire, puis relancée une première fois en 1990, la maison d'édition va officiellement renaître à partir de janvier 2026. À l'origine de cette entreprise, un collectif de professionnels passionnés : José-Louis Bocquet (éditeur et auteur), Catel Muller (autrice de BD), Lili Sztajn (éditrice et traductrice), Véronique Villanueva (graphiste et directrice artistique), Valérie Schermann (ancienne agente, productrice de cinéma), Manuel Baudez (journaliste), Jean-Luc Fromental (directeur éditorial de Denoël Graphic) et Serge Honorez (ancien directeur éditorial chez Dupuis) se réunissent pour faire revivre cet héritage éditorial en tant qu'associés au sein de La Sirène.
Une filiation éditoriale qui traverse les décennies
La renaissance de La Sirène s'inscrit dans une continuité historique portée par l'un des associés : José-Louis Bocquet, était déjà directeur éditorial lors de la relance de 1990 aux côtés de Jean-Baptiste Gilou. « Ce désir de relancer La Sirène vient directement de son histoire, mais aussi de la présence, dans notre collectif, de José-Louis Bocquet, qui avait déjà accompagné la renaissance de la maison en 1990, explique Serge Honorez, joint par Livres Hebdo. À l'époque, il travaillait avec Jean-Baptiste Gilou, petit-fils de Blaise Cendrars, premier directeur de collection de la toute première Sirène, ce qui crée un fil presque naturel entre les différentes époques de la maison. »
Ce projet réunit des professionnels qui ont longtemps mené leurs carrières en parallèle, avant de se retrouver. « Nous avons travaillé les uns à côté des autres. Aujourd'hui, nous avons simplement décidé de le faire ensemble », résume Serge Honorez.
La non-fiction comme territoire littéraire
La Sirène se consacre exclusivement aux récits du réel : entretiens, enquêtes, témoignages, biographies. « Notre ambition est de contribuer à créer la littérature d'aujourd'hui en nous appuyant sur des récits du passé qui continuent de structurer notre façon de comprendre le monde, explique Serge Honorez. Nous voulons mettre en avant des figures, des parcours, des événements qui ont façonné nos imaginaires collectifs. »
Chaque livre repose sur un lien personnel entre l'auteur et son sujet. « Ce lien est essentiel parce que nous sommes nous-mêmes auteurs et nous savons à quel point un projet naît mieux d'un rapport direct, parfois émotionnel, à un événement ou à un personnage. On n'ira pas vers un auteur qui décrirait un événement sans lien personnel avec lui : ce rapport intime est vraiment la condition d'existence d'un texte chez nous. »
La maison revendique aujourd'hui une approche instinctive, celle de ne pas capter une tendance ou exploiter un sujet, mais de suivre un désir très personnel : celui de se dire : « Cette histoire, j'ai envie de la lire », complète Serge Honorez.
Quand le réel devient légende
Avec son slogan « Quand la réalité devient légende », La Sirène reste fidèle à l'esprit originel de sa maison, en accordant une place d'honneur à l'image. Photographie, illustration et graphisme accompagnent les textes dans un format conçu par Philippe Ghielmetti, inspiré du manga. « Ce format s'est imposé parce qu'il est aussi simple que versatile : facile à tenir, agréable à manipuler, et finalement très élégant ». Ces « petits livres de référence » seront vendus entre 10 et 26 euros.
Illustration du livre Robert Badinter, Pour la liberté d'aimer de Dominique Thiéry- Photo CATEL MULLERPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Le rythme de parution est maîtrisé : environ dix titres par an, soit une trentaine sur trois ans, mêlant textes inédits et rééditions. Le premier, Robert Badinter, pour la liberté d'aimer de Dominique Thiéry, est sorti en octobre 2025.
Dans l'agenda de La Sirène, sont aussi prévus les entretiens de Catel Muller avec Ginette Kolinka (dès janvier), l'enquête sur le séjour de Marvin Gaye en Belgique en février, ou encore une réédition augmentée des témoignages sur René Goscinny pour le centenaire de sa naissance à l'été prochain. La diffusion de la maison d'édition reste aujourd'hui avec une portée francophone, en étant présent à la fois en France, en Belgique, en Suisse et au Québec.

