Née Suzanne Gaudron en 1928, d’un père typographe orientaliste à l’Imprimerie nationale, Suzanne Bukiet, après l’Ecole des langues orientales, devient documentaliste. Dans les années 80, elle crée la librairie internationale de jeunesse, L’arbre à livres, qu’elle dirige pendant cinq ans, tout en animant l’association Les amis de l’Arbre à livres, qui a pour but "d’aider les enseignants à accueillir les enfants de l’immigration avec des livres valorisant leur langue et leur culture d’origine" comme l'écrit Jean Perrot, dans son Dictionnaire du livre de jeunesse (Editions du Cercle de la librairie, 2013).
Elle est à la tête du secteur jeunesse de Syros de 1989 à 1992, où elle lance "L’arbre aux accents", une collection de tryptiques bilingues illustrés – un livre de contes, un recueil de nouvelles et un livre de cuisine pour chaque pays – consacrés notamment à l’Angleterre, l’Iran, la Russie, la Pologne ou la Roumanie.
Entre 1993 et 2005, elle crée les collections "Pollen", "Grand Pollen", puis "Feuilles" aux éditions Alternatives. La première allie le texte d’un romancier ou d’un poète – Andrée Chedid, Martine Laffon, Khalil Gibran – et d’un calligraphe reconnu comme Hassan Massoudy, Claude Mediavilla et Gahni Alani.
Elle est aussi auteure. Son premier livre, Ecritures, dans l’histoire et par les contes, qui paraît chez Syros en 1984 inaugure la collection "Racines". Elle signe ensuite Les couleurs, avec Lucilia Machado (Hachette, 1990); Les bons comptes font les bons amis, avec May Angely, bilingue français-arabe (Editions de l’Observatoire/ Hachette 1990); Les cahiers de la République. Promenade dans les cahiers d’école primaire de 1870 à 2 000, avec Henri Mérou (Alternatives, 2000) et Paroles de liberté en terres d’Islam, avec Elsa Zakhia et R. Masson al Khoury (Editions de l’atelier, 2002).
Pendant plusieurs années, elle participe aux programmes interculturels et éditoriaux de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme, comme à la création de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, et contribue à la recherche et aux échanges avec les universités de Nankin et de Pékin.
"Avec discrétion et bienveillance, Suzanne a profondément marqué et permis à des générations d’auteurs, de calligraphes, d’être créatifs en retrouvant le sens des mots et des signes. Elle a aussi apporté pour un large public, une réflexion ouverte et rigoureuse sur les enjeux de la connaissance des religions", témoigne l’auteur Michel Sauquet, qui a travaillé avec elle à la Fondation Charles Léopold Mayer.