C’est un soulagement pour l’ensemble de la filière du livre européenne. Le 17 décembre, le Parlement européen a validé en séance plénière l’accord provisoire trouvé avec le Conseil excluant les livres et autres produits imprimés du champ d’application du règlement européen sur la déforestation (EUDR).
Une décision longuement dialoguée entre les institutions européennes et entérinée deux jours plus tôt, le 15 décembre, par la commission Environnement du Parlement. Ceci marque l’aboutissement de plus d’un an de mobilisation des éditeurs européens.
« Il y a un an, une telle exclusion était inimaginable, salue Sonia Draga, présidente de la Fédération des éditeurs européens (FEP-FEE). Les éditeurs européens et tous ceux qui vendent des livres en Europe sont soulagés que ce règlement exclue les livres. Cette décision est le fruit d’un travail collectif pour expliquer aux députés européens et aux gouvernements la réalité de notre chaîne de valeur, ainsi que les engagements déjà pris par la profession en matière de durabilité environnementale ».
De longs mois d’incertitude
Adopté en 2023, le règlement européen sur la déforestation vise à interdire l’importation et la commercialisation dans l’Union de produits issus de la déforestation, comme le soja, le bœuf, le cacao, le café, le bois ou l’huile de palme, et en imposant des obligations strictes de traçabilité. Initialement, les produits dérivés du bois, dont le papier et les livres, entraient dans son champ d’application, suscitant de vives inquiétudes dans le secteur de l’édition.
En France, le Syndicat national de l’édition (SNE) avait très tôt alerté sur les conséquences disproportionnées du texte pour les éditeurs, libraires et imprimeurs, soulignant le risque de charges administratives lourdes, difficilement applicables à des ouvrages parfois imprimés à partir de fibres multiples et issues de chaînes d’approvisionnement complexes. « Cette exclusion confirme que le livre ne peut être traité comme une simple marchandise », réagit le SNE, qui voit dans ce vote « la reconnaissance du rôle culturel et sociétal essentiel du livre ».
Le papier reste concerné par le règlement
Si les livres sont désormais clairement exclus du dispositif, le papier, en tant que matière première, reste toutefois soumis au règlement EUDR. La Commission européenne a ainsi lancé une enquête destinée à mieux évaluer l’utilisation attendue du système d’information TRACES par les entreprises important des matières premières ou produits dérivés concernés par le règlement.
La FEP a annoncé qu’elle solliciterait ses membres afin de contribuer à cette consultation, dans le but de garantir une application réaliste et proportionnée du texte pour l’ensemble de la chaîne graphique. « Le combat n’est pas totalement terminé », reconnaît la fédération, qui restera vigilante sur les modalités d’application du règlement aux industries du papier.
