Politique du livre

Droits des auteurs, lecture des jeunes, adaptations... l'audition de Régine Hatchondo devant le Sénat en bref

Régine Hatchondo face à la commission de la Culture au Sénat. - Photo Léon Cattan

Droits des auteurs, lecture des jeunes, adaptations... l'audition de Régine Hatchondo devant le Sénat en bref

La présidente du Centre national du livre a été auditionnée le mercredi 29 mai par la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat. Baptisée « La lecture est-elle toujours à la page ? », la session diffusée en direct a permis de revenir sur les mutations de l’industrie du livre, et de ses effets sur le public.

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Par Léon Cattan
Créé le 29.05.2024 à 14h34 ,
Mis à jour le 29.05.2024 à 20h08

Au Sénat, la commission de la Culture a reçu ce mercredi 29 mai Régine Hatchondo, pour une audition intitulée « La lecture est-elle toujours à la page ? ». La présidente du Centre national du livre (CNL) y a dressé un état des lieux du monde du livre, abordant la question de la rémunération des auteurs, de la concentration éditoriale, mais aussi de la lecture chez les jeunes, en recul selon l’étude du centre dévoilée le 9 avril dernier.

De nouvelles discussions sur la conditionnalité des aides aux auteurs

Deux ans après la fin en demi-teinte de la mission Sirinelli, le débat persiste. Comment protéger les auteurs dans un contexte de précarisation générale ? « Il est évident que la manne des droits d’auteurs se répartit moins bien sur l’ensemble des écrivains, surtout ceux qui ne vivent que de leurs métiers », a reconnu Régine Hatchondo. Elle a mis en avant les rémunérations parallèles à l’édition, appuyée par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse : l’intervention en festivals et en salons, ainsi que les bourses et les Masterclass, dont le succès enthousiasme le CNL. « Il y a une vie de chair et d’os dans la création contemporaine, et les élèves peuvent le découvrir en classe et poser leurs questions. »

Reste la question de l’à-valoir, point épineux des négociations entre auteurs et éditeurs, dont la présidente du CNL relève la complexité, notamment par l’hétérogénéité des différents genres littéraires et ce qu’ils requièrent. La conditionnalité des aides fournies par le centre fera bientôt l’objet de nouvelles discussions à la demande du Ministère de la Culture. Sur la question d’une éventuelle aide aux primo-romanciers, Régine Hatchondo déclare : « Nous considérons que cette aide serait se substituer à l’éditeur. Il nous semble plus raisonnable que l’argent public aide pour le deuxième ouvrage, car il est plus difficile à faire. »

La lecture chez les jeunes, un enjeu aux contours incertains

Au début du mois d’avril paraissait l’étude Les Jeunes Français et la lecture, réalisée par Ipsos. Le déclin de cette pratique au profit d’un temps d’écran en augmentation avait alors fait dire à la présidente du CNL que la situation est préoccupante : « Ils viennent renforcer ma conviction que la place laissée aux écrans dans notre vie quotidienne a de réelles conséquences sur la lecture, en particulier chez les jeunes. Il faudrait une prise de conscience massive pour mettre en exergue les bienfaits de la lecture chez les enfants ». Au cours de l’audition, elle a enjoint à la prudence : « Il n’y a aujourd’hui pas de corrélation scientifique entre le recul du livre et l’avancée des écrans, et on ne peut pas la faire à partir de cette étude. 92 % des grands lecteurs disent qu’ils se souviennent avec émotion de la lecture partagée avec leurs parents. C’est ici qu’il faut creuser. »

Et concernant les types de lecture plébiscités par les adolescents, le manga en chef de file, Régine Hatchondo déclare être moins inquiète qu’avant : « Je préfère que les enfants s’endorment en lisant un manga qu’en naviguant sur les réseaux sociaux. Certains sont excellents, poétiques et défendent des valeurs très nobles et humanistes. » Elle évoque également la passerelle que constitue le genre avec d’autres formes littéraires, et les liens créés en librairie pendant ces achats.

Evoquée dans la session des questions-réponses, la popularité des adaptations audiovisuelles pourrait déboucher sur de nouvelles formes de « pitching » entre producteurs et éditeurs dans les années à venir : « Nous envisageons avec le Festival du livre de Paris de créer un grand pitching international, mais ce n’est pas une certitude. On ne s’empêchera pas de rêver grand s’il le faut », conclut Régine Hatchondo. L’opération de la Scelf Shoot the Book, qui est soutenue par le centre, s’exporte à l’heure actuelle sur plusieurs marchés internationaux et dans de nouveaux festivals comme Séries Mania.

En cette fin de mois de mai, le CNL se prépare pour les dix ans de Partir en livre, festival du livre pour la jeunesse qui se tiendra du 19 juin au 21 juillet. Des milliers d’évènements autour du thème « Sports et jeux » auront lieu dans toute la France.

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