La signature officielle à Boulogne-sur-Mer d’une convention cadre territoriale en faveur du livre et de la lecture a réuni mercredi 21 février le CNL, la Région Hauts-de-France et la DRAC.
« C’est la onzième signature régionale de ce type, précise Régine Hatchondo, présidente du CNL. Si les buts des contrats de filières restent sensiblement les mêmes, chacun est construit sur mesure pour répondre aux forces et aux faiblesses de son territoire. » En Hauts-de-France, ce contrat vient parachever les conventions établies en 2022 entre l’AR2L et les représentants des différents acteurs du secteur : l’association des Écrivains des Hauts-de-France, les Libraires d’en-haut et Éditeurs des Hauts-de-France. François Annycke, directeur de l’AR2L, l’agence régionale du livre et de la lecture Hauts-de-France, le précise dès son introduction : « En tant qu’agence, notre travail est de créer du lien. »
Un contrat pour trois ans
Le contrat de filière fixe pour trois ans un cadre de coopération entre les parties et doit permettre davantage de fluidité autour des vingt-quatre dispositifs d’aides à l’intention des auteurs, des libraires, des événements littéraires et des éditeurs. « C’est une démarche consciente de ses limites, mais pleine d’espoir, explique François Annycke. Nous ne sommes pas là pour durer, mais pour faire durer le livre. Notre boulot est de faire vivre l’auteur et le lecteur. » Or, le dernier baromètre « Les Français et la lecture » commandé par le CNL à Ipsos confirme une érosion du lectorat chez les 15-24 ans (baisse de 12 points entre 2019 et 2023). Les Hauts-de-France, l’une des régions les plus pauvres de France, possède également le taux d’illettrisme le plus élevé (11%). Encourager la lecture apparaît donc comme une priorité.
Pour François Decoster, maire de Saint-Omer et vice-président du Conseil régional Hauts-de-France, ce contrat de filière permettra entre autres de faciliter l’installation des librairies : « Notre région est celle qui compte le taux le plus faible par habitant, et il y a beaucoup de « zones blanches » ». 50 % de l’enveloppe budgétaire leur sera dédiée. Après les années Covid, le chiffre d’affaires des librairies est en baisse, et « il faut reprendre le chantier, construire la librairie du futur, » confirme Frédéric Beauvisage, président du réseau des libraires indépendants.
Les espoirs des auteurs et autrices
Beaucoup d’espoir également du côté des Écrivains des Hauts-de-France, dont la présidente, la romancière Elisabeth Bourgois, souligne la grande solitude : « Nous avons parfois l’impression d’avoir créé un club d’aide aux auteurs en détresse ! ». Elle souhaite que la filière travaille à rendre les salons plus vivants et lutte contre ce qu'elle estime être les mauvaises pratiques des éditeurs « qui laissent les auteurs exsangues psychologiquement et financièrement ».
Réunies en association depuis plus de vingt ans, les 58 maisons d’édition de la région espèrent trouver des modèles plus durables et accéder à de nouveaux marchés, en particulier la Belgique. L’AR2L organise ainsi un stand collectif à la foire du livre de Bruxelles.
« La rédaction de la convention permet de redécouvrir des points cachés ou oubliés. Là où ça peut craquer aujourd’hui, c’est du côté des auteurs, conclut Pascal Mériaux, président du Pôle BD. À peine trois cent cinquante auteurs en France vivent de leur écriture, sans courir les rencontres et les ateliers. »
La signature officielle du contrat de filière a eu lieu au théâtre Monsigny de Boulogne-sur-Mer, tout juste rénové. Elle a été suivie de deux jours de rencontres autour du thème « Horizons désirables ». Près de deux cents professionnels du secteur (libraires, bibliothécaires, médiateurs, éditeurs...) venus des cinq départements ont participé aux tables rondes et aux ateliers. Des représentants des auteurs et des éditeurs belges étaient également présents.