Principale chaîne de librairies du Liban mais aussi tête de pont du groupe Hachette pour la distribution de livres dans le monde arabe, le groupe Antoine, qui représente plus de 50 % du marché du livre au Liban, subit en toute logique la crise de plein fouet. L'incontournable enseigne fondée en 1933 par Antoine Naufal a dû se résoudre à fermer, il y a quelques semaines, sa librairie phare des souks, dans un centre-ville de Beyrouth prenant des allures de ville fantôme. "Il était devenu impossible de ne pas la fermer", regrette depuis ses bureaux de Mkalles Sami Naufal, à la tête d'Antoine International Holding, groupe déplorant une perte de 20 % de ses effectifs en 2 ans, soit 250 employés.
Mais aucun cataclysme ne semble pour autant pouvoir arrêter la saga de la famille Naufal. Dans un premier temps, les stocks de la librairie des souks ont été utilisés pour combler l'arrêt des importations et fournir en livres les 12 autres points de vente Antoine au Liban. Ensuite, l'accent a été mis sur la digitalisation et le développement des activités à l'étranger : au Maroc, à Dubaï, en Arabie saoudite. Le but : obtenir des devises et pouvoir importer par ce détour des livres au Liban. Ont suivi une recapitalisation et un grand ménage dans les comptes et les dettes du groupe. "Sans oublier le dévouement et l'acharnement de nos employés, qui travaillent deux fois plus pour quatre fois moins", précise le dirigeant du groupe.
Résultat : les librairies Antoine atteignent à l'heure actuelle 50 % de leur chiffre d'affaires de 2018 (qui s'élevait à 17,5 millions de dollars), avec seulement 30 % des clients de l'avant-crise. "Le tout avec un bilan financier plus sain et des activités plus diversifiées. Tout cela me rend optimiste pour l'avenir des librairies Antoine, mais pas pour celui du Liban", conclut, réaliste, Sami Naufal. Avant d'ajouter, souriant : "Nous avons bon espoir de sortir de cette impasse... si toutefois rien d'autre ne vient nous remettre la tête sous l'eau !"