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Un vaste mouvement de mobilisation s’organise dans le monde de la bande dessinée pour pallier l’absence de visibilité qu’entraîne, pour de nombreux éditeurs indépendants, l'annulation du Festival d’Angoulême.
À côté des initiatives menées dans la ville charentaise, plusieurs maisons se regroupent en Île-de-France pour proposer une programmation alternative engagée. Pensé comme une « petite fête » de la BD, l'évènement vise également à mettre en lumière la fragilité économique du secteur.
Un collectif d’éditeurs au Ground Control
À l’origine de l’une de ces initiatives, un collectif informel de 12 maisons d’édition indépendantes franciliennes. Toutes se fédèrent autour d’un événement organisé au tiers-lieu Ground Control, dans le XIIᵉ arrondissement de Paris, le samedi 31 janvier et le dimanche 1ᵉʳ février 2026, dates initiales du Festival d’Angoulême.
Parmi ces éditeurs, plusieurs sont membres du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA), comme La Cafetière, Les Rêveurs ou encore Des ronds dans l’O. Mais ce n’est pas le cas de toutes les maisons présentes, comme Rue de l’Échiquier, l'Exemplaire ou de plus petites structures telles que Quintal.
« Il est important pour nous de pouvoir montrer la diversité de la production éditoriale en BD. Sans le Festival d’Angoulême, les petites maisons perdent une grosse fenêtre d’exposition », explique Serge Ewenczyk, fondateur des éditions Ça et Là, interrogé par Livres Hebdo. Financé par la Sofia, l’événement prévoit la rémunération des auteurs et la gratuité des stands pour les éditeurs, ces derniers participant en partie à cette même rémunération.
Par souci de praticité, le choix de Paris s’est imposé, la capitale concentrant de nombreux auteurs, autrices et éditeurs. « Le Ground Control est déjà engagé dans la mise en avant des indépendants et s’est donc montré rapidement intéressé par ce projet », poursuit l’éditeur. Le tiers-lieu prépare d'ailleurs en février une édition consacrée à l’édition indépendante.
Dédicaces, stands et rencontres thématiques
Le programme au Ground Control prévoit des séances de dédicaces, des stands pour les maisons d’édition indépendantes et un temps de mise en avant des catalogues. Face aux structures présentes sur stand, des maisons plus importantes telles que Sarbacane, Dargaud ou Dupuis seront représentées via la librairie du lieu, Charybde.
« La librairie organisera également des dédicaces permettant à des auteurs et autrices publiés par de grands éditeurs de participer sans rompre le cadre collectif », poursuit Serge Ewenczyk. En tout, une soixantaine d’auteurs sont attendus sur l’événement.
Au-delà des signatures, un programme de rencontres est en préparation autour de thématiques jugées centrales par les organisateurs : crise protéiforme du secteur, place de l’édition indépendante, précarisation des auteurs et autrices, écologie du livre, ou encore impact de la crise d’Angoulême sur l’ensemble de la chaîne. L’événement, prévu de 12 h à 19 h le samedi et le dimanche, comprendra aussi une soirée d’ouverture avec un concert dessiné de David Snug.
Sollicités par l’école de bande dessinée parisienne CESAN, les organisateurs souhaitent également monter une exposition mettant à l’honneur les autrices ayant candidaté au prix Jeune Talent remis chaque année au Festival d’Angoulême. En complément, un événement porté par le collectif Girlxcott est annoncé à la Maison des Métallos, à Paris.
En revanche, contrairement à ce qui a pu être annoncé dans un premier temps, la présentation des résultats de l’enquête des États généraux de la BD, par le scénariste et théoricien Benoît Peeters, n’aura finalement pas lieu à cette occasion.
Un mois de janvier sous le signe de la BD
L’événement organisé au Ground Control s’inscrit dans le cadre des Fêtes interconnectées de la BD, initiées par le collectif Girlxcott. Annoncé le 15 décembre dans L’Humanité, ce rendez-vous, porté par le collectif, se déroulera en France et en Belgique du 29 janvier au 1ᵉʳ février 2026. L’affiche, réalisée par Anouk Ricard, Grand prix 2025 du Festival d’Angoulême, réunit une dizaine de villes, un avant-goût des nombreuses participantes.
Né d’un groupe WhatsApp rassemblant environ 300 autrices et professionnels du milieu, le collectif s’est constitué autour du mouvement de boycott qui a ébranlé le Festival d'Angoulême. Un événement de grande ampleur résumé en ces termes dans le journal : « Un réseau horizontal de fêtes autonomes et engagées, organisées près de chez soi, avec les moyens du bord, pour porter les revendications féministes et de justice sociale, dans un désir commun de célébrer la BD sous toutes ses formes. »
