C’est à l’extrémité d’un quartier de concessionnaires automobiles, coincé entre la gare de Vaise et la colline de la Duchère, à Lyon, que deux petites voix bien connues des enfants préparent un format inédit. Anaïs Delva, alias Wendy, et Kelly Marot, alias Marine, sont les interprètes des Sisters dans la série animée tirée de la bande dessinée star de Christophe Cazenove et William (plus de 8 millions d’albums écoulés), publiée aux éditions Bamboo.
Mais en cette journée de printemps, les deux comédiennes sont venues dans les locaux du Studio Blynd pour enregistrer, non pas un épisode de la série, mais une BD audio. « C’est la première fois qu’on fait ça », avouent les comédiennes. Et pour cause. « Je crois qu’on a inventé le concept », glisse avec un sourire satisfait Olivier Sulpice, fondateur de Bamboo, descendu du siège mâconnais pour l’occasion.
Bande dessinée augmentée
Car il ne s’agit pas d’un livre audio qu’on écouterait sur une application dédiée ou une plateforme, mais d’une bande dessinée « augmentée ». À chaque page de gag, un QR code renvoie à un contenu à écouter sur smartphone, que le lecteur déclenche au fil de l’avancée case à case. « Je tenais à ce que les enfants aient un album entre les mains, et pas seulement un téléphone, reprend Olivier Sulpice. Contrairement à un livre audio où l’action est décrite, là, c’est uniquement le texte des bulles qui est joué. Le lecteur doit appuyer sur une touche pour aller à la bulle suivante, et il peut vérifier sur l’écran quel personnage parle. »

Derrière la vitre du petit et cosy studio V3, Kelly Marot et Anaïs Delva enchaînent les répliques, avec leurs voix cartoonesques pleines de vie. On est assez loin des productions luxueuses de versions sonores de bande dessinée, comme Lanfeust de Troy, Long John Silver ou Mattéo, concoctées précédemment par Blynd. Mais le savoir-faire du studio lyonnais a convaincu Bamboo. « Ils sont associés au projet comme co-auteurs, car ils y croient autant que nous », affirme Olivier Sulpice.
Un tirage envisagé de 30 000 exemplaires
Un partage de la prise de risque sur un objet hybride, dont le premier volume sort le 27 août avec un florilège de gags piochés dans la série qui compte 19 tomes (enfin, pas dans les tout premiers, car le trait de William a mis quelque temps à se fixer) et dont le tirage est envisagé à 30 000 exemplaires. D’autres de ces « best of 2.0 » devraient suivre dans l’année, alors que le tome 20 de la série mère est attendu pour l’automne, avec un premier tirage estimé à 190 000 exemplaires.

Cette initiative est une démonstration, parmi d’autres, du coup d’accélérateur donné à la licence numéro 1 de Bamboo. « Nous ne voulions pas aller trop vite avec cette série, pour ne pas faire n’importe quoi, reconnaît Olivier Sulpice. Désormais, nous sommes prêts à la faire monter qualitativement, mais sans trop rajeunir la cible, qui est autour de huit ans. Tout en n’oubliant pas de rappeler dès que possible que Les Sisters, c’est d’abord une BD et pas seulement une série animée. »
Galaxie des Sisters
La BD audio doit ainsi servir à cela, en introduisant l’univers du livre aux plus jeunes, voire aux non-lecteurs. Elle viendra donc compléter une galaxie Sisters riche de romans illustrés chez Bamboo (plus d’un million de livres vendus de ses 80 titres !), de carnets, coloriages, agendas et autres ouvrages dérivés co-édités avec Les Livres du Dragon d’or, d’un magazine dédié (avec Milan jeunesse), d’un jeu vidéo, et bientôt de vêtements, accessoires et autre fournitures scolaires. Mais aussi d’un long-métrage live au cinéma en 2026.
À l’heure où le marché BD tire la langue et alors que les nouvelles séries peinent à s’imposer, chouchouter ses licences phares est un impératif : Bamboo en a pleinement conscience et peut compter sur l’énergie de ses Sisters.