Le groupe Leduc (Albin Michel) annonce la création de Belladone, nouvelle maison d'édition dédiée au polar. Après Hors Cadre en octobre dernier, le groupe poursuit sa stratégie de développement de marques éditoriales ciblées et compte désormais 10 maisons d'édition.
À l'image de ses prédécesseures, Belladone naît de la volonté d'accueillir des textes qui ne trouvent pas leur place dans une marque existante du groupe. « Lorsqu’un texte nous plaît mais qu’il ne correspond à aucune de nos lignes éditoriales, nous faisons en sorte de lui trouver une maison », explique à Livres Hebdo Karine Bailly De Robien, directrice générale du groupe Leduc. Elle cite en exemple Elle et son chat de Naruki Nagakawa et Makoto Shinkai, traduit par Myriam Dartois-Ako, dont la publication avait conduit à la création de Nami en 2022, le roman japonais ne trouvant alors pas sa place chez Charleston.
Déjà positionnée sur le polar avec Les Mystères de Fleat House de Lucinda Riley traduit par Elisabeth Luc, le cosy crime (Les quatre petits meurtres de Noël d'Alexandra Benedict, traduit par Laura Bourgeois) ou encore l’horreur (C’était notre maison de Marcus Kliewer, traduit par Laurent Bury), Charleston a ouvert la voie. « Nous voulions aller plus loin et nous dédier entièrement à ce genre », précise la directrice générale.
Le pari du « nouveau noir »
Avec Belladone, les éditeurs souhaitent « renouveler le polar » en proposant « des romans plus en phase avec les réalités et le lectorat d’aujourd’hui ». Une ligne que l’éditeur regroupe sous l’appellation de « nouveau noir ». Et une orientation qui, selon Karine Bailly de Robien, s'inscrit dans l’ADN du groupe : « Comme dans nos autres maisons, chez Belladone, nous faisons la part belle aux autrices françaises et étrangères, dans une démarche d’ouverture. »
Mettant les héroïnes à l’honneur, « le nouveau noir » se veut fidèle aux préconisations du test de Bechdel. Connu initialement dans le domaine du cinéma, celui-ci vise à mettre en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins ou la sous-représentation de personnages féminins dans une œuvre de fiction. « Nous faisons en sorte que les hommes ne soient pas uniquement des sauveurs ou des bourreaux, et que les femmes ne soient pas systématiquement des victimes », souligne la directrice générale.
Aussi belle que toxique, la fleur de belladone s’est alors naturellement imposée comme l’emblème de la maison. « Nous aimons l’idée de tromper les apparences », résume Karine Bailly de Robien pour justifier ce choix de nom. Pour mener à bien ce projet, elle s’entoure de Lisa Labbe, directrice littéraire du pôle fiction étrangère, Jeanne Pois-Fournier responsable éditoriale de la fiction francophone, et Alice Bercker responsable éditoriale fiction sera en charge du poche.
Entretenir une communauté de lecteurs
Pour fidéliser son public, Belladone lance sa page Instagram ce 15 décembre, avec l’objectif de fédérer une communauté de lecteurs, à l’image de celles déjà actives autour de Nami et Charleston. Les « empoisonneuses », comme les appelle le groupe (influenceuses, libraires, lecteurs experts) seront associées en amont aux projets pour donner leur avis notamment sur la conception et relayer les publications. « Nous souhaitons aller à la rencontre des lecteurs et encourager ceux qui ne sont pas familiers du noir à s’y initier », poursuit Karine Bailly De Robien.
Les éditions Belladone répondent au mot d’ordre « des livres impossibles à lâcher », une notion sur laquelle la directrice générale insiste : « Aujourd’hui, nos principaux concurrents sont les écrans et pour faire face au succès des séries, nous devons miser sur le page-turner. »
La maison vise un rythme de deux parutions par mois : un grand format et un poche. Le lancement est prévu en mars 2026 avec La Mort en miroir de Pétronille Rostagnat. Lauréate du prix Cognac 2022 et du Grand prix Iris Noir Bruxelles 2023, la membre des Louves du polar signe chez Belladone son 10e roman. Deux poches paraîtront également de façon exceptionnelle : Le Couvent des Pascalines d’Alex Sol et Au nom de nos sœurs de Cristina Alger.
Belladone, dixième maison de Leduc
