Visiteurs et piles de livres emplissent l’église Christ Church Morningside en ce vendredi 26 septembre 2025, premier jour de l’Edinburgh Women’s Fiction Festival (Festival de fiction féminine d'Édimbourg), dans la capitale écossaise. Dédiée à la fiction féminine depuis sa création en 2023, cette manifestation propose, pour sa 3e édition, deux journées denses d’ateliers et de débats portés par une trentaine d’écrivaines et d’éditrices.
L’éclosion d’une scène féminine
Tout commence par une observation de l’écrivaine Jenny Colgan : malgré un lectorat féminin massif, aucun évènement littéraire ne leur était dédié. Jane Anderson, Kristin Pedroja, Alison Belsham et Olivia Kekewich, elles-mêmes autrices, lancent alors ce rendez-vous « pour célébrer ce que les femmes ordinaires écrivent ».
Avec l’appui de la librairie The Edinburgh Bookshop, de quelques sponsors et d’une poignée de bénévoles, la manifestation rassemble aujourd’hui plus d’une centaine de participants. Dans la nef, des plumes établies telles que Jenny Colgan, Lucy Vine et Emma Cowing croisent de jeunes autrices et des éditrices en quête de nouvelles voix.
Rare en France, ce type d’initiative se développe néanmoins, à l’image du Festival international des écrits de femmes, lancé en 2012 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) et dont la 13e édition se tiendra les 18 et 19 octobre 2025.

Créer, revisiter, réinventer
Dans l'enceinte de la Christ Church Morningside, le coup d’envoi est donné par l'autrice de romance Julia Boggio qui souligne l’importance des stratégies numériques dans la vente des livres, suivie d’Amita Murray qui exhorte à « nourrir la faim créative » face au doute.
Les écrivaines Rosie Hewlet et Phoenicia Rogerson convoquent ensuite les déesses antiques, pendant que Jenny Colgan et Lucy Mangan ressuscitent les romancières du XIXe siècle avec « Mermaid », la nouvelle collection de Penguin Michael Joseph.

Le lendemain, samedi 27 septembre, l’amour occupe la scène : Lotte Jeffs et Emma Steel en interrogent les représentations, tandis que Lucy Vine et Laura Wood en détaillent les mécaniques aux côtés de leur éditrice Molly Crawford (Simon & Schuster).

L’après-midi s’assombrit de gothique, d’historique et de thriller. À l’ombre de Mary Shelley, célèbre autrice de Frankenstein, et des sorcières de Macbeth de Shakespeare, les romancières Flora Johnston, Mairi Kidd ou encore Emma Cowing s’attachent à redonner aux femmes la place que l’histoire littéraire leur a longtemps confisquée.
Des voix longtemps tues
Reste une évidence, martelée au fil des interventions : écrire ne suffit pas.
Rosie Hewlet, passée par l’autoédition avant de rejoindre Penguin Michael Joseph, le dit sans détour : « Je ne sais pas ce que je ferais sans les éditeurs. » Laura Wood abonde : « On apprend beaucoup de son éditeur. »
Derrière le processus créatif, c’est l’écosystème éditorial qui se révèle, fait de maisons capables de soutenir ou d’exhumer des voix longtemps tues.
En deux jours, l’Edinburgh Women’s Fiction Festival a prouvé que la littérature britannique sait se recomposer autour de récits pluriels, complexes et féminins et qu’il appartient également aux éditeurs de transformer cette effervescence en dynamique pérenne.