Ils se sont donné rendez-vous au Conseil constitutionnel, le 27 septembre. Les éditeurs de droit ont mis à l'honneur leur catalogue lors de la 15e édition du Salon du livre juridique. Présent à l'événement, LexisNexis a remporté le prix de la pratique juridique pour Droit de l'indemnisation des victimes de dommages corporels de Christophe Radé. L'éditeur a également présenté les nouvelles éditions de ses Codes bleus : Code civil, Code pénal, Code du commerce... Publiés en juin 2025, ils sont tous « attendus, tant par les étudiants que les professionnels du droit », souligne Line Teillot, directrice de la rédaction académique, codes et ouvrages.
Un nouveau Code de la laïcité et du fait religieux se joint en novembre à cette collection. Le sujet est récurrent dans l'actualité, notamment cette année avec les 120 ans de la loi de séparation de l'Église et de l'État. La laïcité a également une place dans la collection « Doc'en Poche » de La documentation française. En janvier 2026 paraîtra La laïcité en 30 questions. En écho à cette thématique, Lefebvre Dalloz a publié le 6 novembre Pratique judiciaire du contre-terrorisme signé François Molins, le procureur de la République qui était la voix des autorités au moment des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan et en région parisienne.
Intelligence artificielle
Lefebvre Dalloz a également remporté un prix lors du Salon du livre juridique pour Liberté, égalité, fraternité de François-Xavier Testu. Selon la directrice de la rédaction civil-pénal et ouvrages Hélène Hoch, sa « rentrée reflète l'évolution de la société car le droit régule notre société démocratique ». Au sein de la jeune collection « Cercle Lefebvre Dalloz » a paru en septembre un titre dédié à la propriété intellectuelle, notamment à l'aune de l'intelligence artificielle (IA). LexisNexis développe aussi cette thématique via sa collection « Numérique et droit ». Lancée en novembre 2024, elle s'agrandit cette saison avec Droit international et européen du numérique de Philippe Achilleas (août 2025) et La protection des données personnelles de Guillaume Desgens-Pasanau (octobre 2025).
« La collection a trouvé son marché... Les enjeux juridiques liés au numérique et aux nouvelles technologies occupent les étudiants, les professionnels et une cible plus large », estime Line Teillot. L'éditrice a dévoilé en octobre Protégé, un assistant d'IA nouvelle génération qui se veut « plus expert, plus contextuel, pensé pour les professionnels du droit et du chiffre ».
Toujours dans le domaine numérique, Lextenso a inauguré fin septembre l'assistant d'intelligence artificielle générative Consult'IA. Il fournit des réponses sourcées issues du corpus de la maison et des sources officielles, comme Légifrance. « Nous réfléchissons sans tarder à l'impact sur nos contrats d'auteurs », indique Héléna Alves, directrice du pôle édition. Une offre commerciale « Pack IA » sera proposée début octobre. Elle comprend un accès aux outils IA en échange d'une centaine d'euros par mois.
Les Presses universitaires d'Aix- Marseille (PUAM) sont aussi dans l'air du temps avec la sortie en novembre des titres Le harcèlement scolaire. Comprendre pour agir et Le traitement juridictionnel des litiges environnementaux. « Notre préoccupation est de suivre l'actualité législative et jurisprudentielle, mais cela ne veut pas dire que d'autres thèmes fondamentaux sont oubliés », commente le directeur éditorial Franck Petit.
Dans des matières phares comme le droit commercial, public ou constitutionnel, Lextenso ressort des rééditions tous les deux ans maximum. « Le droit évolue tout le temps, donc il faut se tenir en permanence informé pour coller au mieux à l'actualité », explique Sidonie Doireau, directrice éditoriale ouvrages. En 2025, le groupe a suivi de près la réforme du régime de droit commun des nullités des sociétés et celle de la procédure civile.
Pour amateurs et professionnels
De pointue à amateure, l'édition juridique se veut innovante en termes de format. LexisNexis a imprimé en mai Cahier de vacances. Réussis en détente ton entrée en fac de droit. Au fil des pages, des jeux, témoignages et conseils pour faire une rentrée sereine. « Nous essayons de faire des contenus décalés car les étudiants, de plus en plus, n'ont pas envie de lire des choses neutres », explique Line Teillot.
De son côté, l'Institut de recherche juridique de la Sorbonne (IRJS) coédite avec Nouveau monde éditions un manuel nativement numérique : Initiation aux études juridiques. L'IRJS s'est principalement occupé de la préparation des copies et de la relecture. Un ouvrage « très nouveau pour nous... Nous ne ciblons pas forcément les bacheliers », commente le responsable éditorial Émile Florin-Rouquette. Rattaché à l'université Panthéon Sorbonne Paris I, l'IRJS publie aussi La loi organique relative aux lois de finances à la suite de sa refonte en 2021. Pour innover, les éditions Panthéon-Assas ont lancé cet été une collection de poche. « Nous voulions un endroit pour partager des textes plus courts et diversifier nos formats », explique l'éditrice Anne Erre. Les premiers titres se vendent entre 5 et 8 euros. La maison réalise également la refonte de l'Annuaire des relations internationales. La parution de 1 000 pages a perdu sa reliure en tissu et s'affiche avec une couverture en papier couché mat. Ces changements permettent au prix de passer de 160 à 35 euros.
La Mémoire du Droit cible un public plus initié. La maison a fait paraître le 16 juin une traduction du Corpus juris civilis. Ce code réalisé sur l'ordre de l'empereur romain d'orient Justinien n'avait pas connu de nouvelle traduction depuis deux siècles. Maître de conférences, Dominique Gaurier y a passé près de 12 ans. Puis l'éditeur a mis deux ans à relire et corriger, avec parfois des aides externes, les 7 volumes qui en sont nés. L'impression de ce Corpus juris civilis, vendu à 1 980 euros, se fait sur demande. En complément de cette publication, l'éditeur sort Mettre en scène le Conseil d'État. Iconographie et scénographie juridiques du Palais Royal (1875-2025). Pour la première fois, il propose en 800 impressions un ouvrage d'analyse entre le rôle juridique de l'institution et l'art. Depuis janvier, La Mémoire du Droit a publié 10 ouvrages, contre 25 parutions en 80 ans. Un travail possible selon son responsable éditorial Philippe Rolin en raison de « la proximité avec ses auteurs ».
Nouveaux horizons
Dominés par quelques grandes maisons, les petits éditeurs juridiques s'ouvrent à de nouveaux horizons. Les PUAM s'appuient par exemple sur l'Association française de droit du travail et de la sécurité sociale (AFDT) pour le titre Les mots et les mondes de l'inclusion au travail. « Il faut toujours veiller à publier des ouvrages en dehors de nos chercheurs et ne pas se cantonner à nos thèses et travaux pour l'enrichissement des collections », défend Franck Petit.
L'éditeur a un avantage : il dispose d'une imprimerie au sein de sa faculté, ce qui lui permet de limiter les tirages et de réimprimer rapidement quand il faut. Depuis deux ans, les PUAM sont accompagnées par le distributeur Dilisco et par AFPU Diffusion (Association française des presses d'universités). « Avant, tout se faisait sur place avec quelques achats individuels... Les équilibres financiers ne sont pas bouleversés pour l'instant, mais avoir un distributeur/diffuseur reste important pour accroître sa visibilité », analyse Franck Petit. L'IRJS est depuis peu en discussion pour se doter des services d'un diffuseur/distributeur. L'éditeur a subi une baisse de 45 % de son budget en janvier en raison de la dernière loi de finance. L'IRJS prépare pour l'instant des traductions de textes de loi européens et deux textes italiens. À l'image de ses confrères, l'éditeur espère dorénavant une saison plus dynamique.



