Fin du suspense à Angoulême. L'Association du FIBD a tranché : la société 9e Art + partagera avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image l'organisation de l'événement à partir de 2028. « Un projet commun devra être soumis à l'Association pour accord de principe au plus tard le 20 novembre 2025 », a-t-il été annoncé dans un communiqué publié samedi 8 novembre. Delphine Groux, présidente de l'Association du FIBD, n'a pas répondu à notre demande d'interview.
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Joint par Livres Hebdo, le délégué général de 9e Art + Franck Bondoux salue une décision « logique », qui vient « reconnaître l'expertise de 9e Art + et de tout ce que 9e Art + a développé depuis 20 ans dans ce festival ». « 9e Art + a défini les canons de ce festival », poursuit-il. « On a créé les Fauves. On a créé la fonction de directeur artistique qui n'existait pas quand je suis arrivé. Et quand on regarde le palmarès des dix dernières années, on voit que la BD alternative a été bien représentée. »
Franck Bondoux : « Ma fille n'est pas Pénélope Fillon. »
L'Association du FIBD a « pris en compte une vision prospective sur les dix ans à venir proposée par 9e Art + dans un dossier de 200 pages », insiste encore Franck Bondoux. Il salue aussi le rapprochement avec la Cité de la BD, vieille rivale du FIBD avec qui il doit désormais définir son « projet commun » d'ici le 20 novembre. « L'union fait la force », commente-t-il. « Il y a de vraies synergies qui peuvent être trouvées, notamment sur l'international, un sujet complexe à développer. »
Franck Bondoux confirme par ailleurs son départ de la société 9e Art + : « Je ne serai pas délégué général en 2028. Je ne me succéderai pas à moi-même. Pas même ma fille, qui n'a jamais eu vocation à ça. Elle n'est pas Pénélope Fillon. » Mais d'ici son départ en 2028, il promet de s'investir « pleinement dans la réussite de ce festival. »
Avec l'annonce d'un binôme 9e Art + / Cité de la BD, l'Association du FIBD espère « que les auteurs et leurs éditeurs considéreront que leur voix a été entendue » pour aboutir à « un événement plus sûr et inclusif, miroir de la création et de la diversité ». « Un événement attentif à l'accueil des participants dans le respect de leurs besoins et leurs statuts, tant pour le présent que pour l'avenir de la manifestation », précise encore le texte.
Appels au boycott maintenus
Difficile de savoir si le maintien de la société 9eArt + désamorcera une situation très tendue. De nombreux éditeurs indépendants (L'Association, Exemplaire, 6 pieds sous terre, Ça et Là) comme un nombre grandissant d'auteurs et autrices réaffirment depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux leur appel au boycott de la prochaine édition, prévue du jeudi 29 janvier au dimanche 1er février 2026.
« Notre festival international de bande dessinée est géré de façon chaotique, suscitant chaque année des scandales. Malgré les appels de toute la profession, la même équipe problématique vient d'être renommée aux mêmes postes, pour un contrat de neuf ans », a dénoncé ce samedi l’autrice Aude Picault sur son compte Instagram. « Nous souhaitons une direction artistique digne de ce nom, menée avec éthique, respect humain et transparence financière. »
Depuis l'annonce du binôme, les messages de boycott se multiplient sur les réseaux sociaux, réunis sous le hashtag #NoFIBD2026. « Sans moi », a écrit Lewis Trondheim, créateur du Fauve, la mascotte officielle du festival. « Je boycotte les dédicaces et le FIBD 2026 suite à la reconduction de 9e Art + à la tête du festival », a aussi indiqué Florence Dupré La Tour. Certains appellent en signe de protestation à privilégier à l'avenir d'autres festivals de BD de France (Blois, Bastia, Amiens).
Même la lauréate du Grand Prix de cette année, Anouk Ricard, s'est désolidarisée de l'événement et a renoncé à l'exposition consacrée à son œuvre. De quoi redouter un festival sans auteurs. « Je le déplore vraiment », conclut Franck Bondoux. « On a envie d'avoir ces auteurs. Je leur tends la main. Je leur tends la main immédiatement. Pas pour 2028. »
