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Topo fait peau neuve et élargit son public

Couverture TOPO numéro 54 - Photo TOPO

Topo fait peau neuve et élargit son public

Après 10 ans à décrypter l’actualité pour les adolescents, la revue de bande dessinée et de journalisme Topo s’offre une nouvelle formule. Plus dense, plus engagée et désormais trimestrielle, elle s’adresse à un public élargi, du lycée aux jeunes adultes.

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Par Louise Ageorges
Créé le 05.09.2025 à 17h27

Créée en 2016 comme une revue dédiée à la jeunesse, Topo change de formule et s’ouvre désormais à un public plus large. Sans trahir son ADN : mêler journalisme et bande dessinée pour décrypter le monde, la revue illustrée indépendante opte pour un format plus dense, une parution trimestrielle et des contenus encore plus engagés.

« On ciblait à l’origine les jeunes de fin de collège, 13-14 ans, avec le même principe que La Revue Dessinée : un journaliste et un bédéiste travaillant main dans la main. Mais on a pris conscience qu’une grande partie de nos lecteurs étaient aussi des trentenaires, parfois sans enfants. Topo était devenu une revue familiale », explique Laurence Fredet, journaliste et rédactrice en chef de Topo, contactée par Livres Hebdo.

Une revue née de l’urgence

Lancée dans la foulée des attentats de Charlie Hebdo, Topo est née d’un constat : l’urgence d’offrir aux jeunes une information fiable et contextualisée notamment face à la montée des théories du complot. « On a réalisé à quel point les jeunes n’étaient pas très bien renseignés. Dans la presse jeunesse, on part souvent du principe qu’ils n’aiment pas lire, alors on met beaucoup de photos et peu de texte. Mais une information mal contextualisée, c’est une information qu’on ne comprend pas. » analyse Laurence Fredet

En dix ans, la revue a publié 450 reportages et mobilisé près de 200 journalistes et dessinateurs.

Depuis son commencement Topo repose sur le même fonctionnement : chaque sujet est conçu en binôme journaliste-dessinateur. Les journalistes soumettent des propositions, et environ la moitié des enquêtes sont commandées par la rédaction. « Un journaliste rédige d’abord comme s’il écrivait un article publiable. Ensuite, avec Thomas Cadène, (rédacteur en chef de Topo et scénariste de BD) nous choisissons l’illustrateur en fonction de la tonalité du sujet. S’ensuit un travail de va-et-vient : validation du storyboard, échanges avec l’auteur et la rédaction. C’est ce regard croisé, ce dialogue permanent entre texte et dessin, qui fait l’identité de Topo », poursuit la rédactrice en chef.

Une nouvelle formule, plus dense et plus durable

Paru le 26 août dernier, le numéro d’automne marque le lancement de cette refonte : 160 pages (contre 144 auparavant), une pagination enrichie de 16 pages, et surtout un dossier central thématique qui ancre chaque numéro.

Le premier dossier de cette nouvelle formule est consacré au corps, exploré sous tous les angles : du rapport à la sexualité aux normes esthétiques, en passant par le handicap ou les questions de genre. Ce nouveau numéro aborde également des sujets en tout genre du conflit à Gaza, aux enjeux liés à l’orientation sexuelle.

De nouvelles plumes, un ton plus engagé

Si Topo garde son approche pédagogique et accessible, la revue s’affirme davantage sur le terrain politique et sociétal. « Quand nous étions tournés uniquement vers la jeunesse, nous essayions de rester apolitiques. Mais face à la montée de l’extrême droite, nous estimons qu’il est nécessaire d’assumer une voix plus forte, de défendre des valeurs de vivre-ensemble. »

Extrait de pages dédiées au male gaze par Martine Abat et Félix Auvard
Extrait de pages dédiées au male gaze par Martine Abat et Félix Auvard- Photo TOPO

De nouvelles signatures journalistiques rejoignent également la rédaction, comme Nora Bouazzouni (Mediapart, spécialiste pop culture) et même des auteurs comme Ramsès Kefi (Quatre jours sans ma mère, Philippe Rey), qui inaugure une chronique régulière intitulée Sans filtre

Pour ce qui est des bédéistes, le numéro 54 accueille entre autres Élisa Marraudino (Bébé fille, Même pas mal éditions), Pierre Thyss (À pleines mains, Dargaud) ou encore Félix Auvard (Enchaîné au rire, éd. Exemplaire).

Objectif : trouver sa place en librairie

La parution devient trimestrielle et sera complétée par un hors-série thématique chaque été. « Sortir tous les deux mois faisait qu’un numéro chassait l’autre, hors, nous produisons de “l’actualité froide” qui peut rester en librairie. Avec la formule trimestrielle et le hors-série, nous espérons que les titres auront une vie plus longue en rayons », précise Laurence Fredet.

Avec 5 000 abonnés (dont de nombreux établissements scolaires), Topo espère toucher plus largement son public grâce à cette nouvelle formule. « Avant, les libraires ne savaient pas toujours où nous placer : ado ? jeunesse ? Or, les ados ne vont pas spontanément en librairie. Avec le nouveau format, on veut être clairement visibles au rayon adulte, là où les parents, souvent prescripteurs, pourront nous découvrir », conclut la rédactrice en chef.

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