C'est dans les marges que se situe parfois la vérité d'un homme, d'un écrivain. Il suffit de bien chercher, de savoir lire. Et c'est souvent dans des livres qui sont comme autant de pas de côté qu'il faut chercher la cohérence enfin révélée d'une œuvre, comme la confession discrète d'un auteur.

C'est de cet exercice, délicat, que relève Intérieur jour, essai à la première personne du très singulier, donc, Marc Dugain. Il y est essentiellement question de notes, de réflexions, de souvenirs nés du tournage de L'échange des princesses, le beau roman de Chantal Thomas. L'occasion pour l'écrivain et cinéaste de revenir comme en passant sur ce qui le fonde, ces obsessions intimes qui font de lui un romancier populaire en même temps que le plus secret des hommes. Les lecteurs de ses romans y retrouveront le désastre de la Grande Guerre, l'Amérique et ses psychoses ou le terrifiant « jeu de go » de la guerre froide, tandis que ceux de ses essais et articles sa défiance face à une « modernité » oublieuse de son humanité ou un destin numérique instituant une société réduite aux acquêts de la surveillance. On y trouvera surtout, plus précieux que des avis, la tendresse d'un homme, tour à tour fils et père.