En 20 ans d’existence, Hugo Publishing a su s’imposer comme le repère incontournable des amateurs d’histoires d’amour. Fondée en 2005 par Hugues de Saint-Vincent avec l’ambition de toucher le grand public, la maison a rapidement pris le tournant de la romance, qu’elle a contribué à populariser en France, avant d’en devenir le leader incontesté sous la direction d’Arthur de Saint-Vincent. Aujourd’hui, la maison continue de se réinventer sous sa conduite, conjuguant expansion internationale, digitalisation des pratiques et nouveau souffle éditorial.
Renouer avec le grand public
« Avec Hugo, Hugues voulait faire le contraire de ce qu’il avait créé avec Mango, alors vendu à Media-Participations, et dont l’offre ciblait avant tout les libraires de premier niveau », retrace Arthur de Saint-Vincent. C’est dans cet esprit que le fondateur de la nouvelle structure, alors appelée Hugo & Cie, se lance dans la production d’ouvrages pensés pour un lectorat élargi, plus habitué aux vastes allées des grandes surfaces spécialisées qu’aux rayons feutrés des librairies de quartier.
Pendant près de dix ans, la maison s’illustre dans trois domaines : le documentaire, l’illustré et le sport. Jusqu’en 2013, où elle opère un virage à 180 degrés, captant les frémissements d’un genre promis à un succès sans précédent : la romance. La maison s’empare alors de la série américaine Beautiful Bastard de Christina Lauren, premier succès d’un phénomène en devenir. « À ce moment-là, Hugues et ses équipes comprennent que le temps d’Arlequin est révolu. Que la façon dont les histoires d’amour sont abordées est amenée à évoluer, loin du cliché de la femme secrétaire qui épouse son boss milliardaire », détaille Arthur de Saint-Vincent.
Pionnière de la romance en France
Portée par l’essor des plateformes en ligne, une nouvelle génération d’autrices, dont Anna Todd, se fait entendre, explorant des intrigues, souvent érotisées, mais plus en phase avec leurs sensibilités. Attentive à ce bouillonnement, les éditions Hugo Publishing s’emparent de ces plumes américaines pour les faire connaître en France.
Ce pari se double, dès 2015, de la création de Fyctia, une plateforme d’autoédition pensée pour inciter les autrices françaises à se lancer. De là émergent C.S. Quill, à l’origine de la série Campus drivers, ou encore Morgane Moncomble qui, portée par le succès de sa saga Seasons, s’est classée en 2024 au troisième rang des auteurs francophones les plus vendus, avec près d’un million d’exemplaires écoulés, derrière Guillaume Musso et Mélissa Da Costa.
Vitrine du pop-up store organisé à l'occasion du dernier titre poche de la saga "Seasons" de Morgane Moncomble.- Photo PIERRE MALERPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Déployant une véritable « French team », la maison ne se contente plus d’importer des succès. Elle en devient l’initiatrice, produisant des romances capables de pénétrer le marché américain. Et même la production hollywoodienne. « Les droits de la série Campus Drivers ont d’abord été acquis par Amazon France pour une adaptation prévue au second semestre 2026, avant d’être repris par Amazon aux États-Unis pour une version américaine en 2027 », illustre Arthur de Saint-Vincent.
Dans ce contexte, la maison est allée jusqu’à breveter la marque « New romance », symbole d’une identité éditoriale à part entière, prolongée sur le terrain, avec un festival dédié, qui célébrera ses dix ans l’an prochain. Consciente, par ailleurs, de l’accélération de la digitalisation et de l’évolution des modes de communication, la maison monte un département et une équipe dédiés à ces nouveaux enjeux. « Nous avons très vite compris que la romance est l’un des rares segments éditoriaux communautaires », souligne Arthur de Saint-Vincent, à l’origine de ces transformations.
Le leader français des histoires d'amour
Entré dans l’entreprise en 2014, ce dernier a pris la relève de son père, disparu en 2018. « Toute la difficulté était de succéder à quelqu’un qui avait beaucoup de talent, beaucoup de nez, qui faisait partie de cette génération d’éditeurs qui aimait prendre des risques », confie-t-il. Pour s’imposer et renforcer le positionnement de la maison, Arthur de Saint-Vincent l’a donc restructurée en donnant davantage de liberté aux équipes et en confiant certains projets, tels que le label « Stardust », à de nouveaux managers.
Sous sa direction, l’effectif est ainsi passé d’une vingtaine de personnes à près de 70. Une hausse d’effectifs synonyme d’expansion ambitieuse ? Une chose est sûre : aujourd’hui, la maison détient 50 % des parts de la romance, s’imposant comme le leader incontesté du marché des histoires d’amour en France.
Mais son influence ne s’arrête pas là. Après avoir laissé de côté pendant un temps son catalogue de non-fiction, éclipsé par l’essor de la romance et ses ventes record, la maison a renoué depuis 2022 avec les œuvres qui ont fait sa renommée dès sa création. « Dans un souci de diversification et pour anticiper le ralentissement que pourrait connaître la romance dans un marché de plus en plus concurrentiel, j’ai repris en main ce segment, en essayant d’être plus intransigeant, de publier moins, mais mieux », explique Arthur de Saint-Vincent.
Cette ambition s’inscrit également dans le prolongement du rapprochement avec le groupe Glénat, en 2022, qui a permis à Hugo Publishing de bénéficier d’une diffusion considérablement renforcée. De fait, la maison n’a pas seulement redéployé son catalogue existant, mais s’est aussi distinguée à travers de nouveaux lancements. En 2020, elle remportait, par exemple, l’appel d’offres pour les Jeux olympiques de Paris 2024, développant une offre de non-fiction adulte et jeunesse centrée sur des personnalités en vogue.
Licences, écrans et superstars de la romance : les prochains défis d’Hugo
La même année, Hugo Publishing a également lancé la collection de polars « Impact », qui, si elle peine encore à s’imposer dans un marché très concurrentiel, a su se faire remarquer cette année grâce à Versant Noir de Lison Lambert, sélectionné au festival Quais du Polar.
Plus récemment, la maison a renforcé son offre jeunesse avec quatre collections. « Même si rien n’est gagné, il me semble que depuis la restructuration de cette partie du catalogue, nous avons gagné en qualité de production. Pour l’heure, cela ne fait pas la différence du point de vue des chiffres, mais je suis persuadé que le résultat sera là dans les années à venir », assure Arthur de Saint-Vincent.
En 2026, Hugo célébrera les 10 ans de son Festival New Romance qui rassemble chaque année les stars du genre et son public.- Photo PIERRE MALER/HUGO PUBLISHINGPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Pour l’avenir, la maison entend continuer à alimenter son catalogue de non-fiction en se taillant une place sur le marché des licences. « En tant qu’éditeur qui publie des contenus affinitaires avec des communautés, nous y avons toute notre place », affirme son dirigeant. Après avoir déjà décliné 55 de ses titres, Hugo Publishing poursuivra également le développement de son offre audio, initiative du groupe Glénat pour mieux maîtriser sa production et sa diffusion.
Autre axe majeur : le marché asiatique. La maison tourne désormais ses regards du côté de la Chine et la Corée du Sud, avec l’ambition de se lancer dans les « vertical short dramas » — ou « séries verticales » en français. Des formats audiovisuels d’une minute trente en moyenne, originaires de Chine et qualifiés de « télévision pour la génération TikTok ».
Côté éditorial, Hugo Publishing entend dépasser les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les prochaines années. Un défi que la maison pourrait bien atteindre dès 2026 avec le retour très attendu de deux stars de son catalogue : Colleen Hoover et Morgane Moncomble.
Hugo Publishing en chiffres
- En 2024, la maison d'édition revendiquait un chiffre d'affaires estimé à 92 millions d'euros (prix public hors taxe). Selon le classement annuel des éditeurs de Livres Hebdo, son chiffre d'affaires net éditeur s'est établi à près de 49 millions d'euros en 2024.
- 15 % du catalogue fiction (romance) fait l'objet de cessions de droits. « En termes de chiffre d’affaires de vente de droits, nous connaissons une croissance à presque trois chiffres, c'est-à-dire que chaque année, en termes de volumes, nous sommes à 50 % de croissance », complète Arthur de Saint-Vincent.
- Chaque année, la maison publie 450 nouveautés, dont environ 70 nouveautés grand format et 120 poches (nouveautés et rééditions), rien que sur le segment de la romance.
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