Une enquête fouillée de
The Atlantic pointe les dysfonctionnements de l'édition de Comics aux Etats-Unis, qui connaît une érosion des ventes au titre depuis une dizaine d'années. En effet, les beaux jours de cette industrie, des années 1970 au milieu des années 1990, sont bel et bien terminés, selon l'article, et le secteur peine à se rénouveler pour séduire les lecteurs. Même si le marché est globalement en hausse depuis plusieurs années, chaque tirage a été divisé environ par trois en trois décennies. Ainsi Spider-Man s'écoulait à plus de 300 000 exemplaires jusqu'au début des années 1970 et, selon les derniers chiffres, se vend à moins de 100 000 exemplaires (source Comichron).
Alors que Marvel Comics et DC, les principales maisons d’édition américaines du secteur, concèdent une erreur de stratégie éditoriale – selon elles, les lecteurs n’auraient pas adhéré aux nouveaux héros issus de la "diversité" –, tout porte à croire selon l'auteur de l'article, Asher Elbein, que ce sont davantage les pratiques éditoriales et commerciales, visant une rentabilité à court-terme, qui sont à mettre en cause.
Des pratiques éditoriales et commerciales contestées
Ayant interrogé librairies et lecteurs, il pointe l'absence de droit de retours pour les détaillants, les relances infinies de certaines séries, la non valorisation des duos auteurs-dessinateurs sur la durée et la fréquence de production accélérée comme autant de pratiques éditoriales et commerciales qui portent atteinte à la qualité de la production du secteur. Ce fonctionnement empêche ainsi les nouvelles têtes – autant auteurs que héros – d'émerger dans un marché inondé par la surproduction.
En 2017, Marvel Comics compte 75 séries en cours de production, chacune alimentée en moyenne par deux Comics par mois entre 3,99 et 4,99 dollars l’exemplaire, auxquels s’ajoutent mini-séries et numéros spéciaux. DC a quant à elle réduit sa cadence à 50 séries, en réponse aux critiques des lecteurs et libraires ne parvenant plus à suivre financièrement une telle fréquence de parution.
Les deux géants du Comics, en revanche, compensent cette mutation sectorielle par des recettes records de leurs adaptations cinématographiques.