Abus d'objets à Abu Dhabi. Des chapitres brefs, des faits cinglants, des portraits crachés, des rebondissements inouïs. La recette est faite pour tenir en haleine. Et l'on n'est pas déçu, entre marchands canailles, pilleurs de tombes, experts véreux et même terroristes qui circulent entre Le Caire, Beyrouth, Paris, New York, Londres et Genève. Car ce dont il est question dans cet ouvrage palpitant n'est autre que le trafic international des œuvres d'art.
Spécialiste internationalement reconnu de l'art et de ses marchés, Vincent Noce poursuit la veine de L'affaire Ruffini (Buchet-Chastel, 2021), du nom des faussaires présumés, soupçonnés d'une malversation à laquelle de grandes institutions furent mêlées. Pour cet Or pillé des pharaons, le journaliste a suivi pendant six ans la piste des trafiquants d'antiquités, une histoire qui a terni la réputation des plus grands musées du monde et leurs conservateurs. Le premier fut le Metropolitan, le fameux Met de New York, avec les tribulations d'un sarcophage doré rendu finalement à l'Égypte. Ensuite, ce fut le tour de Jean-Luc Martinez, ancien président-directeur du Louvre convoqué en 2022 à l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels. Dans le collimateur des enquêteurs : les antiquités égyptiennes achetées par le Louvre Abu Dhabi.
Dans cette histoire intervient aussi le colonel Bogdanos, un ancien Marine petit et trapu à la tête d'une unité qui lutte contre le trafic d'art à New York. Cet Eliot Ness de l'antique traque les collectionneurs hauts en couleurs, les savants peu scrupuleux ou les amateurs appâtés, si bien croqués par Vincent Noce, qui ont profité du pillage du musée national à Bagdad lors de la guerre en Irak. Un marchand se défend avec un argument spécieux : « Ce n'est pas parce qu'un objet provient d'un site pillé qu'il est lui-même pillé. » Il est vrai que des sociétés de ventes aux enchères peu regardantes vendent des pièces pour des sommes parfois astronomiques : une stèle en granite rose mentionnant et représentant Toutânkhamon, dont la provenance fait débat auprès des spécialistes, vendue pour 8,5 millions d'euros, une tête de Cléopâtre VII en marbre blanc rehaussé d'or, dont là encore la traçabilité est floue, acquise pour 35 millions d'euros. Une sorte de « désastre » tout de même, pour reprendre le mot de Vincent Noce, que ces affaires où les archéologues ont été entraînés par les commerçants.
L'or pillé des pharaons. L'affaire qui a éclaboussé les plus grands musées du monde
Buchet-Chastel
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 22 € ; 284 p.
ISBN: 9782283039410
