Au Centre national du livre (CNL), jeudi 15 septembre, le Syndicat national de l'édition (SNE) et l'Association des traducteurs littéraires de France (ATLF) ont convenu de travailler en commun pour améliorer le “code des usages de la traduction littéraire”, dont la dernière mouture date de 1993. Des groupes de travail ont été constitués, et une nouvelle rencontre a été programmée au CNL en décembre. Le rapport de Pierre Assouline au CNL sur La condition du traducteur, qui préconisait de renouer le dialogue, a donc porté ses fruits.
“Il est vrai que nous ne nous étions pas rencontrés depuis longtemps, depuis 18 ans. Nous avons bien précisé les choses : il ne s'agissait pas d'un refus de se voir de la part de l'un ou de l'autre, rapporte Antoine Gallimard, président du SNE, à Livres Hebdo. La rencontre s'est déroulée dans une ambiance tout à fait cordiale, il fallait se parler. Nous avons convenu qu'il fallait un toilettage du code des usages, sous le regard bienveillant du CNL.”
Président de l'ATLF, Olivier Mannoni s'est dit lui aussi “très satisfait de cette rencontre qui s'est très bien déroulée. Nous avons décidé d'essayer de trouver ensemble des solutions pour que les choses fonctionnent mieux des deux côtés”.
Quatre groupes de travail ont été formés, comprenant chacun un ou deux représentants du SNE et de l'ATLF et chargés de réfléchir aux questions suivantes : le statut de la traduction, le statut du traducteur, la rémunération et l'évolution des contrats. “Nous avons pu vérifier ce matin que ce sont là des problèmes complexes, car le monde de l'édition s'est complexifié”, précise Olivier Mannoni. “Nous allons examiner toutes les questions sans a priori”, affirme de son côté Antoine Gallimard. “Les deux parties sont apparues bien conscientes du fait qu'un grand nombre de ces questions se jouait dans une dimension internationale où il y avait à faire front commun”, nous a précisé Jean-François Colosimo, président du CNL. Par ailleurs, “ces travaux entre éditeurs et traducteurs ne pourront pas être sans incidence sur les dispositifs du CNL”.
Depuis 1993, l'ATLF et le SNE ne s'étaient pas retrouvés autour d'une même table pour évoquer les relations entre éditeurs et traducteurs. Or les conditions de rémunération et de travail des traducteurs littéraires se sont dégradées, et ces derniers souhaitaient voir la spécificité de leur métier davantage reconnue. Alerté par l'ATLF, l'ancien président du CNL, Benoît Yvert, avait commandé à Pierre Assouline un rapport permettant d'avoir une base de travail. Le journaliste et écrivain a réalisé “un état des lieux de la condition matérielle, et donc morale, du traducteur en France”, dans lequel il rend également compte des contraintes pesant sur les éditeurs.