Disparition

Disparition de Breyten Breytenbach, écrivain et militant anti-apartheid sud-africain

L'écrivain et militant sud-africain Breyten Breytenbach - Photo Ulf Andersen - AFP

Disparition de Breyten Breytenbach, écrivain et militant anti-apartheid sud-africain

Breyten Breytenbach, auteur de nombreux ouvrages dont Confession véridique d'un terroriste albinos (Stock) et militant historique contre l’apartheid, est mort le 24 novembre à l’âge de 85 ans.

Par Adèle Buijtenhuijs
avec AFP Créé le 25.11.2024 à 10h49

« Mon père, le peintre et poète sud-africain Breyten Breytenbach, s'est éteint paisiblement ce dimanche 24 novembre à Paris, à l'âge de 85 ans », a déclaré sa fille Daphnée Breytenbach à l’AFP avant d’ajouter : « Ses mots, ses toiles, son imagination, sa résilience continueront à nous guider ». 

Poète, écrivain et peintre, Breyten Breytenbach a quitté son pays natal au début des années 1960 pour s'installer à Paris, où il est devenu l'une des voix les plus influentes à s'opposer au système légal de ségrégation raciale en Afrique du Sud. Considéré comme l'un des meilleurs écrivains de langue afrikaans, Breyten Breytenbach était le chantre blanc de la lutte contre l'apartheid, un combat qui lui a valu sept ans dans les geôles du régime raciste.

Breyten Breytenbach a publié une cinquantaine de livres durant sa vie, dont Confession véridique d'un terroriste albinos (Stock), son plus connu, tiré de son séjour en prison, et de nombreux volumes de poésie, écrits essentiellement dans sa langue maternelle, l'afrikaans. « Immense artiste, militant contre l'apartheid, il a combattu jusqu'à la fin pour un monde meilleur. Naturalisé français en 1982 à sa sortie de prison, il vivait à Paris, tout en retournant régulièrement en Afrique du Sud », selon sa fille.

L'écrivain a passé sept ans en détention en Afrique du Sud, où il est retourné illégalement en 1975, dont deux années à l'isolement. Seul son frère aîné, commandant des forces spéciales de l'armée d'apartheid, était autorisé à le voir. Le président français François Mitterrand a contribué à sa libération en 1982. Breyten Breytenbach était alors retourné en France, dont il avait obtenu la citoyenneté. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur et commandeur des Arts et des Lettres, les plus hautes distinctions culturelles en France. 

« Il laisse un vide immense »

Breyten Breytenbach est né en 1939 à Bonnievale, une petite ville de la province du Cap. Jamais il n’a toléré la ségrégation dans son pays, qu'il a quitté à 20 ans, abandonnant des études littéraires à l'université. Après une série de petits boulots dans plusieurs pays européens, il s'est établi à Paris. Après son installation en France, il épouse en 1963 Yolande Ngo Thi Hoang Lien, d'origine vietnamienne. Il continue néanmoins à se rendre régulièrement en Afrique du Sud, où les mariages interraciaux sont à l’époque interdits et passibles de prison.

« Il laisse un vide immense. Il était l'être le plus exceptionnel qu’il m'ait été donné de connaître. Je suis immensément fière de l’appeler mon père », a ajouté Daphnée Breytenbach sur Instagram.

Dans un communiqué, l'ancien ministre français de la Culture Jack Lang s'est dit « très triste d'apprendre la disparition de (son) ami, le poète, le peintre et magnifique écrivain sud-africain Breyten Breytenbach ». « Rebelle au cœur tendre, il aura été de toutes les luttes en faveur des droits de l'homme. (...) L'Afrique du Sud, cette nation arc-en-ciel si chère à Nelson Mandela, lui doit beaucoup », a estimé M. Lang, saluant son « français irréprochable » et « son œuvre littéraire rare, intransigeante et raffinée (qui) garde toujours un regard critique sur les errements du monde ». « Éclaireur des consciences, Breyten Breytenbach restera une lumière de nos imaginaires et un exemple de lutte en faveur de toutes les libertés », a conclu l'ancien ministre.

Le visage émacié et la barbe drue, l'écrivain naturalisé français, connu pour ses violentes colères, a gardé une capacité d'indignation intacte après l'avènement de la démocratie multiraciale en 1994 en Afrique du Sud. Il s'est rapidement montré déçu par la nouvelle élite, qu'il a comparée à une « parade sans fin de clowns corrompus, incompétents, indifférents et arrogants ». Jusqu'à sa mort, il a partagé son temps entre la France, les États-Unis, le Sénégal, où il dirigeait l'Institut Gorée pour la promotion de la paix en Afrique, et de brefs séjours dans son pays natal.

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