Malgré les grèves de la SNCF et le soleil qui a brillé tout le week-end, les participants ont été nombreux et assidus au 60^e congrès de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) organisé du 19 au 21 juin, à Paris, Porte de Versailles. Près de 800 personnes ont assisté aux débats qui, sous le thème « Bibliothèques, nouveaux métiers, nouvelles compétences », plaçaient cette année les professionnels eux-mêmes et la dimension humaine du métier au cœur de la réflexion.  
 
Au cours des dernières années, les missions des bibliothèques se sont considérablement élargies et diversifiées, inscrivant plus fortement ces établissements dans leurs territoires et dans les politiques culturels et sociales locales. Le métier a évolué en conséquence : plutôt qu’un cœur de métiers, sans doute existe-t-il aujourd’hui une multitude de « petits » cœurs de métier formant un grand cœur, comme l’a suggéré, avec son humour habituel, Dominique Lahary, bibliothécaire retraité, ancien vice-président de l’ABF. Une représentation imagée qui résume bien le caractère polymorphe du métier de bibliothécaire aujourd’hui.
 
Nouvelles réalités

Les formations et modes de recrutement n’ont pas encore suffisamment évolué pour prendre en compte ces nouvelles réalités, malgré certains efforts comme l’introduction d’une épreuve orale de motivation professionnelle aux concours territoriaux et d’Etat de conservateur des bibliothèques.
Dans les Idea stores, ces bibliothèques novatrices de la banlieue de Londres, en plus des étapes habituelles de la lettre de motivation et de l’entretien, le processus d’embauche comprend une mise en situation professionnelle au cours de laquelle on demande au candidat d’animer une séance d’heure du conte, par exemple.
 
Nouvelles compétences

Plusieurs expériences exposées pendant le congrès ont également montré que les équipes s’ouvraient largement à des non-bibliothécaires, en particulier à des professionnels venant des secteurs de l’informatique ou de l’animation. Ainsi dans l’équipe du service commun de la documentation (SCD) de l’université Paris Descartes, seule la moitié des 100 agents sont issus de la filière bibliothèques. « Nous desservons 35 000 étudiants, et enseignants chercheurs sur plusieurs sites à Paris et en banlieue, a expliqué Valérie Néouze, du SCD. Nous avons absolument et quotidiennement besoin d’intégrer d’autres métiers que les nôtres pour accomplir correctement nos missions ».
 
Nouveaux usages

Les usagers eux-mêmes sont de plus en plus souvent intégrés comme des acteurs du fonctionnement de la bibliothèque. Dans le nouvel « urban workshop » ouvert en octobre 2013 à Helsinki, en Finlande, orienté sur les technologies, 90 % des animations et des ateliers sont pris en charge par les usagers eux-mêmes. Plus encore, ceux qui le désirent peuvent utiliser les nombreux équipements du lieu (imprimantes 3D, bancs de montage vidéo et audio, etc.) en dehors des horaires d’ouverture : il suffit de le demander et on leur confie les clés et le code d’entrée ! « Jusqu’à présent les personnes se sont montrés très correctes et respectueuses des lieux, a expliqué Lotta Muurinen, du réseau des bibliothèques d’Helsinki. Cela répond à une demande sans coût supplémentaire puisque cela ne nécessite pas de personnel ».

Le prochain congrès de l’ABF aura lieu à Strasbourg du 11 au 13 juin 2015 autour du thème « Frictions et tensions créatrices ».