Pour la première intervenante Valérie Barbage, directrice de la médiathèque de la Madeleine (près de Lille), les bibliothécaires doivent répondre à de nouvelles exigences : "ouverture, transversalité, univers, et un grain de folie". Ainsi, la médiathèque de la Madeleine, ouverte l'an dernier, compte dans ses équipes des employés issus de la librairie, des jeux vidéo, de l'animation et des musées. "Ce choix de recrutement est vraiment important, explique Valérie Barbage, il permet de mutualiser des connaissances et une émulation dans les idées".
"D'une culture de l'imprimé à un métier de service"
"Les métiers sont en train de changer", remarque François Cavalier, directeur de la bibliothèque de Sciences Po. "On est passé d'une culture de l'imprimé et de la collection à un métier de service. Il faut donc arrêter certaines tâches pour en commencer d'autres, faire des choix." La sortie des murs, la visibilité et le marketing sont aussi des éléments clés, pour le directeur. Il faut aussi s'adapter aux nouveaux usages de la bibliothèque et aux nouvelles pratiques des universités, selon François Cavalier, pour qui "la densification du temps universitaire, due au raccourcissement des semestres, rend les lecteurs pressés et mobiles". Sans oublier, bien sûr, l'invasion du numérique, qui transforme profondément les habitudes de consommation du livre.
Cette révolution numérique est un enjeu central pour le Néerlandais Eppo Van Nispen Tot Sevenaer, directeur général de la FPCLN (Fondation pour la promotion collective du livre néerlandais), qui a exposé son idée du "next level bibliothécaire" ("bibliothécaire du futur"). Selon lui, la nouvelle génération de lecteurs est principalement façonnée par la crise économique de 2008, la technologie et les réseaux sociaux. Internet a opéré une transition culturelle, de la "possession à l'accès libre" à des livres devenus dématérialisés. Une vision qui s'oppose à la culture du bibliothécaire, qui signifie abonnements et livres physiques.