Ce décalage dans le temps semble avoir été payant pour la fréquentation de la plus ancienne Foire du monde arabe, estimée à 2 millions de personnes en moyenne chaque année. "A en juger par les 3-4 premiers jours, l'affluence est correcte, analyse Emile Tyan, directeur général de la joint-venture franco-libanaise Hachette-Antoine. La situation est plus stable que ces trois dernières années. On peut parler de légère reprise".
Si la Foire du livre du Caire reste "un moment très particulier par rapport aux autres salons du livre régionaux", d'après Emile Tyan, les grands éditeurs internationaux en sont quasiment absents en dépit du programme de rencontres professionnelles organisé, sur trois jours en amont de la manifestation, par Sherif Bakr, membre de l'Association des éditeurs égyptiens. Le salon, dont l'invité d'honneur est cette année l'Arabie Saoudite, apparaît dominé par le livre religieux.
L'Institut français fait son retour avec un stand
Après plusieurs années d'absence, l'Institut français fait son retour avec un stand incarné par sept libraires francophones, mais la place allouée à chacun ne satisfait par tout le monde, à l'image des ventes de livre français sur place, en baisse constante depuis 2010. "J'imagine que les restrictions budgétaires expliquent que l'Institut français ait cessé de louer un grand stand et que l'on se retrouve cette année avec un mètre par librairie, commente Gihane Rizkallah, des Amis du Livre. Nous allons voir dans quelle mesure à l'avenir les libraires ne pourraient pas eux-mêmes contribuer financièrement à la location du stand pour améliorer les conditions de vente et la présence francophone à la Foire".
Avec 200 titres en 2013, le nombre de contrats de cession vers la langue arabe signés par des éditeurs français est en progression depuis une décennie mais le marché reste lacunaire. Joseph Rizk, responsable de la branche égyptienne de la maison d'édition libanaise Dar el Altanweer, sera présent à la Foire du Caire avec de nouvelles traductions de Candide, du Contrat social, de l'Eloge de l'amour d'Alain Badiou, la plupart suite à des partenariats de traduction avec l'Institut Français.
Le capital au XXIe siècle, le best-seller de Thomas Piketty, est prévu pour l'été 2015. "Une bonne vente de traduction, aujourd'hui, c'est 300 copies, note Joseph Rizk. Il n'y a pas qu'en Egypte que les traductions se vendent mal. Au Maghreb, c'est pareil. Le marché irakien est fermé, le marché syrien est fermé. Restent les pays du Golfe".