Des familles entières et des groupes d’amis parcouraient vers 10h du matin les différents stands du paseo de Gracia, dans l’hyper-centre de Barcelone. « Même si les Espagnols ont cette réputation de lève-tard, pour la Sant Jordi on se réveille de bonne heure ! C’est son caractère social qui nous pousse à sortir», explique Macarena, une Barcelonaise de 39 ans.
La fête de Sant Jordi n’est pas un jour férié, ce qui oblige les Catalans à jongler avec les horaires de travail pour effectuer leurs achats. Le 23 avril étant cette fois tombé un dimanche, les libraires s’attendaient à des raz-de-marée. D’après les estimations de la police municipale, citée par le journal La Vanguardia, cette festivité devrait réunir 1,5 million de personnes. « C’est une tradition, tout le monde fait un effort et achète un livre même si ce n’est pas dans son habitude », estime Juan Lopez, libraire chez Allibri Llibreria. La principale organisation de libraires catalans, El Gremi de Llibreters, s’attend à une progression des ventes de 5% par rapport à 2016, selon La Vanguardia.
Succès des livres médiatiques
Ce libraire, comme la plupart de ceux qui occupent un stand, met en avant les meilleures ventes de l’année, les plus médiatisées. La couverture noire et verte de Patria de Fernando Aramburu est omniprésente. Vendu a plus de 150 000 exemplaires, ce roman narre le retour d’un ancien militant de l’ETA dans son village natal, niché dans la campagne basque.
Les ouvrages écrits par des journalistes, des animateurs de télévision qui livrent des recettes de cuisine ou des auteurs qui ont inspiré des séries télé attirent. Anna, une secrétaire de 25 ans, se fraye un chemin entre les allées étroites pour aller à la rencontre de Rebecca Beltrán et Hector Lozano, les auteurs du Libro de Merlí qui a inspiré une série à succès diffusée en catalan sur TV3, la chaîne régionale. « C’est le premier livre que j’achète depuis le début de l’année, je suis venue voir les auteurs », commente-t-elle. De son côté, souriant et satisfait, Juan, un retraité de 62 ans, a réussi à se faire dédicacer le dernier roman de la journaliste Pilar Rahola. Des auteurs français étaient également attendus comme Yasmina Reza ou Olivier Bourdeaut.
La vie en rouge comme les roses
Enlacés, Imma et Robert, des Barcelonais de 50 et 52 ans, regardent, curieux, les files d’attente qui se sont formées devant le grand stand de la Casa del libro. Ils sont là pour flâner « mais surtout pour célébrer l’amour ! », s’esclaffe Imma. Car la fête de la Sant Jordi est également l’équivalent de la « saint Valentin » en Catalogne. La tradition veut que les hommes offrent des roses aux femmes, tandis que ces dernières leur offrent des livres en retour. La légende raconte aussi que Sant Jordi a sauvé une princesse d’un dragon.