Politique

Le monde du livre face à la dissolution de l’Assemblée nationale

Hervé Le Tellier/Pénélope Bagieu - Photo DR/Simoné Eusebio

Le monde du livre face à la dissolution de l’Assemblée nationale

Suite aux résultats des élections européennes, l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a secoué la France jusque dans le milieu de l’édition. Écrivains, éditeurs, libraires et associations se sont exprimés.  

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Par Elodie Carreira
Créé le 17.06.2024 à 16h28

Au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République Emmanuel Macron, la sidération a rapidement laissé place à un flot de prises de paroles, marquées par l’urgence des élections législatives à venir. Parmi les voix qui se sont élevées, celles du monde du livre viennent essentiellement d’écrivains signataires de plusieurs tribunes. À l’inverse, les syndicats et les associations du secteur sont plus timides. Nombreux sont ceux qui ne prennent pas position, expliquant ne pas être « un parti politique », comme l’a par exemple indiqué la présidente du Syndicat de la librairie française Anne Martelle lors des Rencontres nationales de la librairie.

Avant que les partis de gauche ne décident de s’unir derrière la bannière du Front populaire, des plumes littéraires comme Annie Ernaux, Pierre Lemaître, Pénélope Bagieu, Marie Darieussecq, Lydie Salvayre ou encore Hervé Le Tellier signaient ainsi une tribune dans Le Monde, dénonçant un « jeu de poker avec la démocratie ». Une critique qu’ils doublaient d’un appel à « l’union des gauches et des écologistes » pour contrer la potentielle arrivée au pouvoir de l’extrême-droite : « Il faut un sursaut ! Il faut que les citoyennes et citoyens s’en mêlent pour qu’une dynamique de mobilisation voie le jour ». Dans une autre tribune, publiée cette fois dans Libération, des intellectuels comme le Goncourt 2018 Nicolas Mathieu ou l’écrivain Patrick Chamoiseau se joignaient, le 10 juin dernier, à une invitation à organiser des banquets « pour échapper aux entre-soi ». Le premier rassemblement de ce type s’est d’ailleurs tenu samedi 15 juin, à Nanterre.

Des appels à voter contre l’extrême-droite

De la même façon, L’Humanité ouvrait ses colonnes le 13 juin à plus de 200 « acteurs et actrices des littératures de l’imaginaire », dont les écrivains Camille Leboulanger, Estelle Faye, Laurent Whaler, Yasmine Djebel, Élodie Serrano, Betty Piccioli, Taous Merkachi ou les éditeurs David Meulemans (Aux Forges de Vulcain), Jean-Marie Goater (éditions Goater), Martin Vagneur (Christian Bourgois), Claire Duvivier (Asphalte éditions), Bleuenn Guillou (Mnémos), Gabriel Laurenceau (Editions Actusf), Zoé Laboret (Nisha et caetera), Julie Thévenot (Sarbacane), Olivier Girard (éditions Le Bélial) ou encore Simon Pinel (Argyll). Une poignée d’illustrateurs, de bibliothécaires, de traducteurs et de libraires se sont également associés à la tribune, dénonçant le « risque inédit de l’accession au pouvoir d’une extrême-droite raciste, xénophobe, islamophobe, antisémite, LGBTphobe, sexiste et ultralibérale » et celui « d’un basculement de la France dans un néofascisme décomplexé et violent ».

À titre individuel, certaines plumes se sont livrées à une analyse politico-psychologique de la décision subite du président de la République. C’est le cas de Marc Lambron de l’Académie française dans les colonnes de La Tribune ou de Frantz-Olivier Giesbert, invité de La Grande interview Europe 1-Cnews, qui prête à Emmanuel Macron un « côté Machiavel de poche ». Dans un article titré « Et si c’était Macron qui partait ? », dans les pages de Télérama, Marc Dugain s’est amusé à taxer le président de « marquis de la mondialisation », déplorant l’acte de dissolution qu’il qualifie d’« acte de mépris le plus significatif à l’égard des Français de deux mandatures qui n’en ont pas manqué ».

Sur les réseaux sociaux

De son côté, Nicolas Mathieu a de nouveau multiplié les publications Instagram. Dans l’une d’elles, la couverture du neuvième album du groupe punk hardcore français Tagada Jones, floquée de la formule « La peste et le choléra », fait écho aux propos légendés de l’écrivain : « La gauche doit assumer sa responsabilité historique en dépit des fractures, des dissensions, des contradictions même. Sinon c'est une nouvelle fois le braquage démocratique, le coup du barrage et la pauvre alternative entre Guizot et Benita ». Enfin, sur le même réseau social, l’illustrateur et écrivain Joann Sfar a quant à lui publié une série de dessins dont il est l’auteur. Il y rappelle que « l’extrême droite est une menace contre toutes les minorités », mais critique également « les personnalités de gauche qui minimisent ou trouvent "résiduel" l’antisémitisme ».

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