En eaux mêlées. En Bretagne coule l'Aven. Le long du cours d'eau, Laura Alcoba se promène. Le fleuve du Finistère sud lui en rappelle un autre, très loin d'ici, du temps de son enfance en Argentine - le Rio de la Plata, qu'on appelle dans son pays natal la « mer douce ». Il faut dire que ce río n'est pas tant un fleuve qu'une embouchure où se rejoignent les fleuves Paraná et Uruguay pour se jeter dans l'océan. À fleur d'eau apparaît, entre ramures et roches, une forme de cœur. Épiphanie d'une mémoire vive, battante comme un organe vital dont on a parfois oublié de prendre le pouls. Refluent les sensations ensommeillées qui n'attendaient que cette présence fluviale pour sourdre à la conscience. Par le corps. Le Rio de la Plata, l'écrivaine française d'origine argentine l'associe également à un compatriote de naissance devenu grand écrivain de langue française : Hector Bianciotti. Pour l'autrice qui, comme lui, a fait le passage de l'idiome maternel à la langue de Molière, c'est une figure tutélaire.
Émaillé de photos, le récit évoque la maison familiale, une aïeule indienne, l'engagement des parents, ses lectures, Jorge Luis Borges, Juan José Saer, Roger Grenier... Les rives de la mer douce est la chronique d'un va-et-vient entre deux fleuves, métaphores de ses deux langues, l'histoire d'un estuaire où se mêlent eau douce, eau de mer, comme ces deux identités, une perpétuelle translation entre la caresse du charnel et le sel de l'écriture.
Les rives de la mer douce
Mercure de France
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 17,80 € ; 160 p.
ISBN: 9782715259669