Avec « Enquêtes », HarperCollins France inaugure une collection de non-fiction qui fait de l’investigation un véritable art du questionnement. Portée par des spécialistes, des professionnels de terrain et des journalistes aguerris, cette nouvelle marque éditoriale explore les zones grises de la société contemporaine à travers des visages et des histoires singuliers. À raison de quatre à six publications par an, la collection entend ainsi « observer le réel à hauteur d’humains » et donner matière à réfléchir. Les premiers titres paraîtront à partir de janvier 2026.
« Cette nouvelle collection nous permet de replacer le journalisme de long format au centre du livre. Dans un monde saturé d’informations et de chiffres, nous y défendons nos valeurs que sont l’humanisme et l’inclusivité, grâce à des enquêtes d’époque, fouillées et exigeantes, à dévorer comme des romans », détaille Manon Buselli, éditrice de non-fiction en charge de la nouvelle marque.
« Ancrer les ouvrages dans des expériences singulières »
Héritière du journalisme narratif porté par des figures comme Florence Aubenas, la collection « Enquêtes » accompagne ainsi la montée en puissance du true crime, ce « mauvais genre » qui décortique avec un sens aigu du détail l’horreur de grandes affaires criminelles, racontées sous un jour romanesque. Mais l’initiative de la maison s’inscrit aussi dans une restructuration de son département de non-fiction. « Nous avons entamé ce processus il y a trois ans, pour constituer un catalogue de non-fiction dont l’ambition est de partager, transmettre et diffuser le savoir à un large public », explique Sandrine Girard, directrice de la non-fiction chez HarperCollins France.
Amorcée avec la publication ponctuelle de biographies de personnalités issues de la pop culture ou de l’industrie musicale, cette dynamique s’élargit aujourd’hui à un panel de contenus plus diversifié. Articulé autour de trois axes majeurs – le développement personnel, les enquêtes journalistiques et les témoignages –, le département de non-fiction d’HarperCollins entend ainsi « ancrer les ouvrages dans des expériences singulières, immersives, à la portée universelle et dans une langue capable d’émouvoir », précise Sandrine Girard.
Après plusieurs publications prometteuses – La mort n’existe pas de Stéphane Allix (150 000 exemplaires écoulés), 125 et des milliers de Sarah Barukh (près de 15 000 exemplaires) ou encore Sentinelle du climat d’Heïdi Sevestre (près de 5 000 exemplaires) –, l'équipe du segment a donc décidé d’affirmer sa présence en librairie en donnant naissance à un « nouvel écrin entièrement dédié à ce type d’ouvrages, qui traitent sur le temps long des sujets que l’on voit émerger dans la sphère médiatique ».
Des enquêtes d'époque
Pour donner corps à cette collection, trois premiers titres, tirés entre 5 000 et 8 000 exemplaires, paraîtront entre janvier et février 2026. Le titre inaugural, Le péril masculiniste de Sylvie Tenenbaum, psychothérapeute, féministe de la première heure et autrice d’une vingtaine d’essais sur la condition féminine, propose un état des lieux de l’idéologie masculiniste, qui prétend « remettre les femmes à leur place ». Présente aussi bien sur le dark web que sur les réseaux sociaux et jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir, cette mouvance, sous couvert de défendre les hommes, menace les droits des femmes et fragilise l’équilibre des sociétés démocratiques. Un ouvrage « aussi glaçant qu’éclairant et nécessaire », selon Manon Buselli.
Lui succédera Des bourreaux de Guilherme Ringuenet, journaliste ayant collaboré avec des médias tels qu’Elle ou Le Monde diplomatique. Spécialiste des violences sexuelles, il signe une enquête saisissante sur la réalité silencieuse de la pédocriminalité ordinaire. Loin du sensationnalisme et des grandes affaires médiatisées, l’auteur adopte une approche à la fois historique, alternant entre témoignages et récits de vie des victimes comme de leurs agresseurs.
Sans jamais excuser ni minimiser les crimes, l’ouvrage interroge : qui sont ces auteurs ? Quels chemins les ont conduits vers l’irréparable ? Quelle place occupent le déni et l’emprise dans ces trajectoires ? « Comprendre permet de désarmer, souligne Manon Buselli. C’est pourquoi le livre s’ouvre sur le témoignage d’une victime, et que la parole donnée aux auteurs l’est toujours dans un cadre judiciaire ou d’expertise psychologique. »
« Agir sur le réel et contribuer à la prise de conscience comme à l’action collective »
Enfin, Rio confidential. Qui a tué Marielle Franco ? du spécialiste du Brésil Jean-Mathieu Albertini, se lit comme un true crime, un polar du réel à haut potentiel d’adaptation. En revenant sur l’assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale et figure emblématique des luttes antiracistes et LGBTQIA +, l’auteur dresse le portrait d’un Brésil contemporain miné par la violence. Ce meurtre, qui a provoqué une onde de choc nationale et internationale, révèle aussi les failles d’une enquête empêtrée dans les jeux de pouvoir, la corruption et les réseaux du crime organisé.
Face à l’enthousiasme suscité par la présentation de la collection auprès des libraires, l’équipe de non-fiction envisage déjà d’élargir ses ambitions. Au printemps paraîtront ainsi Les oubliés du Covid de Nora Sahara, ancienne infirmière devenue journaliste, qui souhaite redonner la parole aux deux millions de Français atteints de Covid long, souvent laissés dans le silence.
Suivront un ouvrage de Julien Chavanes consacré au « #MeToo des garçons », ainsi qu’un autre sur la grossophobie. Autant de sujets d’époque qui traduisent les engagements de la maison, désireuse, « à notre petite échelle d’éditeur, d’agir sur le réel et de contribuer à la prise de conscience comme à l’action collective », souligne Manon Buselli.

