La décision prise le 8 novembre par l'Association du FIBD de partager l’organisation du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême entre la société 9e Art + et la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image à partir de 2028 n’aura pas suffi à éteindre la contestation.
Dans un communiqué diffusé lundi 10 novembre en fin d’après-midi, 20 lauréats du Grand prix d’Angoulême ont lancé un appel pour « tourner la page 9e Art + ». Les signataires sont Florence Cestac, Régis Loisel, Philippe Dupuy, Charles Berbérian, Martin Veyron, Art Spiegelman, Jean-Claude Denis, François Boucq, Chris Ware, Franck Margerin, Jacques Tardi, François Schuiten, Baru, Blutch, Willem, Lewis Trondheim, Riad Sattouf, Hermann Huppen, Max Cabanes, Anouk Ricard.
Selon eux, « le Festival accumule les scandales, les erreurs de communication et le manque d’ambition, tout cela dans une totale opacité de gestion. Cette dégradation nuit gravement à l’ensemble de la profession. »
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Les Grands prix sont loin d’être les seuls à contester la direction prise par le FIBD. De nombreux éditeurs indépendants (L'Association, Exemplaire, 6 pieds sous terre, Ça et Là) comme un nombre grandissant d'auteurs et autrices réaffirment depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux leur appel au boycott de la prochaine édition, prévue du jeudi 29 janvier au dimanche 1er février 2026. Reprenant le hashtag #nofibd2026, Florence Dupré la Tour, Lewis Trondheim ou encore Pénélope Bagieu ont ainsi annoncé qu’ils n'iraient pas à Angoulême.
De leur côté, les éditeurs du groupe BD du Syndicat national de l’édition (SNE) ont exprimé dès le 8 novembre « leurs plus vives préoccupations » et indiqué avoir accueilli « avec les plus grandes réserves » l’annonce de la nouvelle organisation, allant jusqu’à poser des conditions à leur participation à l'événement après l'édition 2026.
« Alors que les appels au boycott se multiplient, les Grands prix disent d’une seule voix qu’il est grand temps de tourner la page 9e Art + pour que le Festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale », plaident les lauréats du Grand prix dans leur communiqué. « Sans un changement rapide et profond, l’édition 2026 risque fort d’être la dernière », concluent-ils.
Les éditeurs appellent au boycott dès l'édition 2026
Mise à jour 19h06: Au terme d’une réunion qui s’est tenue dans la soirée du 10 novembre, les principaux éditeurs de bande dessinée ont alerté le maire d’Angoulême Xavier Bonnefont (DVD) et le directeur de cabinet adjoint de la région Nouvelle-Aquitaine Frédéric Vilcocq qu’ils boycotteraient le FIBD dès son édition 2026 si 9e Art+ et son dirigeant Franck Bondoux n’étaient pas écartés de l’organisation du festival.
Il s’agit d’un durcissement de la position initialement défendue par le groupe BD du SNE qui avait dans un premier temps annoncé maintenir sa participation au FIBD en janvier prochain et envisagé un retrait à compter de 2027. À l’initiative de la fronde figurent les principaux acteurs du secteur : Dargaud, Casterman, Denoël, Glénat, Sarbacane, Delcourt, Dupuis, Le Lombard, Rue de Sèvres, ainsi que plusieurs éditeurs indépendants membres du Syndicat de l’édition alternative (SEA).
Tous font état d’un soupçon de connivence entre Franck Bondoux et la présidente de l’association FIBD Delphine Groux qui aurait empêché le bon déroulement de l’attribution du marché de l’organisation du FIBD à partir de 2028.
