L'un des plus grands photographes de presse, Marc Riboud, dont les clichés ont immortalisé les tournants du XXe siècle et qui est l'auteur de plusieurs dizaines de livres, est décédé mardi 30 août à l'âge de 93 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.
Parmi ses œuvres les plus connues, La Fille à la fleur (1967), une militante contre la guerre du Vietnam face à des soldats en arme devant le Pentagone, et Le Peintre de la Tour Eiffel, un ouvrier en équilibre sur la structure de la Tour (1953).
Né à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, frère du fondateur de Danone, Antoine Riboud, et de l'industriel Jean Riboud, cet ingénieur de formation était entré dans la prestigieuse agence Magnum, à l’invitation d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa.
Il a parcouru le monde entier, en particulier avec de très longs séjours en Inde, en Chine et au Japon, où il a trouvé le sujet de son premier livre, Women of Japan.
En 1960, après trois mois en URSS, il couvre les indépendances en Algérie et en Afrique subsaharienne. Entre 1968 et 1969, il effectue des reportages au Sud ainsi qu’au Nord Vietnam, où il est l’un des rares photographes à pouvoir entrer. Dans les années 1980-1990, il retourne régulièrement en Orient et en Extrême-Orient, particulièrement à Angkor et Huang Shan, mais aussi en Chine.
Des dizaines d'ouvrages
Marc Riboud laisse derrière lui des dizaines d'ouvrages de photographie, témoins d'une carrière longue d'un demi-siècle. Le dernier en date, Cuba: 22.11.1963, avec Castro à l'heure du crime: assassinat de J.F. Kennedy, est paru le 18 août chez La Martinière.
En 2014, Annick Cojean proposait, dans Marc Riboud: 60 ans de photographies (Flammarion), un panorama complet des œuvres du photographe, qui a sillonné le monde pendant 60 ans.
Lauréat de nombreux prix, dont le prix Nadar en 2012 pour son livre Vers L'Orient (X. Barral), il a publié dans des grands magazines, dont Life, Paris Match, Stern, Geo et Le Nouvel Observateur.
Un "grand humaniste, un grand bonhomme" "Marc était le photographe qui a fait le plus de photos historiques dans sa vie", a déclaré à l'AFP le directeur du festival de photojournalisme "Visa pour l'image" de Perpignan, Jean-François Leroy.
"C'était un grand humaniste et un grand bonhomme, un très très grand monsieur. Beaucoup de photographes se sont inspirés de lui sans jamais l'égaler".
"Visa pour l'image", dont la 28
e édition s'est ouverte samedi, expose des photos du célèbre photoreporter prises à Cuba en 1963, au moment de l'assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy.
"Avec cette exposition, il est toujours vivant. On savait qu'il était très malade, il n'a pas pu venir à Visa. Je suis sous le choc", a ajouté Jean-François Leroy, précisant qu'un hommage lui sera rendu pendant le festival.