Né à Sedan dans les Ardennes, Jean-Paul Frédérick Tristan Baron, alias Frédérick Tristan, est mort mercredi 2 mars selon son fils Jean-Marie Baron. Il avait remporté le prix Goncourt en 1983 pour Les évadés (Balland) mais aussi le grand prix de littérature de la Société des Gens de lettres (SGDL) pour l'ensemble de son œuvre en 2000 à l'occasion de la publication des Obsèques prodigieuses d'Abraham Radjec (Fayard).
Jean-Paul Baron a commencé à travailler dans le textile en reprenant l'entreprise familiale installée à Castres au moment de la mort de son père. Cette activité professionnelle l'emmène aux quatre coins du globe, du Mexique en Arabie saoudite, jusqu'à l'Extrême-Orient. Il s'installera plusieurs années en Chine. Ses contes Le Singe égal du ciel (Bourgois, 1972) ou La Cendre et la foudre (Balland, 1982) sont directement inspirés de la tradition chinoise. Soutenu notamment par de grandes plumes comme André Breton, Albert Camus ou encore Jean Paulhan, Frédérick Tristan poursuit concomitamment sa carrière d'écrivain et publie son premier roman Le Dieu des Mouches (Grasset) en 1959.
Danielle Sarréra, Jean Makarié, Adrien Salvat, Mary London, Frédérick Tristan a eu une double vie mais aussi plusieurs noms d'emprunt avec lesquels il a plusieurs fois publié. Atteint d'une amnésie traumatique héritée de son enfance (qu'il raconte dans Le passé recomposé : amnésie et corps de fée, anamorphose : récit, Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Frédérick Tristan publie son autobiographie en 2010 Réfugié de nulle part : mémoires (Fayard). Il y raconte ses rencontres avec André Breton, Mircea Eliade, Emmanuel Levinas, ses adhésions au compagnonnage de métier, à la franc-maçonnerie internationale, etc. L'écrivain a aussi été professeur d'iconologie paléochrétienne à l'Institut des carrières artistiques (ICART) à Paris, Premières images chrétiennes (Fayard, 1996) est son traité d'iconologie.
L'œuvre de Frédérick Tristan compte une trentaine de romans, et d'autres genres, contes, poésie, essais... Et une adaptation cinématographique du réalisateur polonais Wojciech Has en 2003 de son roman Les Tribulations de Balthasar Kober (Balland, 1980). Aventurier de la spiritualité, il s'est plongé au fil de ses voyages et rencontres dans l'essence des cultures humaines, se consacrant à l'écriture pendant 70 ans d'une vie d'érudit.