Avant-critique Roman

Almah avant Almah. Ses nombreux lecteurs s'en souviennent sûrement : lorsque commence Les déracinés (Les Escales, 2018), à Vienne, en 1931, la jeune, belle, intelligente et indépendante Almah Kahn vient de rencontrer, dans une soirée mondaine, le non moins jeune et beau journaliste Wilhelm Rosenheck. Coup de foudre immédiat. Mais à cause des événements puis de la guerre, leurs destins les précipiteront dans une succession d'aventures un peu partout dans le monde, que Catherine Bardon a contées dans les trois autres volumes de ce qui est devenu une tétralogie à succès, L'Américaine, Et la vie reprit son cours et Un invincible été (Les Escales, 2019, 2020, 2021, repris en Pocket). Oui mais voilà, les meilleures sagas ont une fin, et la romancière a dû se sentir bien triste à la mort de son héroïne, « à l'âge vénérable de 101 ans ».

Elle a aujourd'hui recours au dispositif du préquel : raconter ce qui se passe avant le premier tome, les prémices de l'histoire. On assiste ainsi à la naissance, en 1911, d'Almah, chez Julius et Hannah Kahn. De riches Juifs, lui chirurgien en vue, laïc, cultivé, collectionneur d'œuvres d'art, elle musicienne mais fragile, dépressive, marquée par l'échec de ses grossesses précédentes. Almah, désirée comme le Messie, est couvée, choyée, et a toutes les qualités. Plus un solide sens de la liberté. Elle sera dentiste, épousera l'homme qu'elle aime... Mais sa vie, comme celle de sa communauté, commencera à basculer dans les années 1930, après l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne et la nazification progressive de l'Autriche. L'exil, bientôt, déchirant, sera la seule façon de survivre.

Catherine Bardon
Almah. Une jeunesse viennoise
Éditions les Escales
Tirage: 30 000 ex.
Prix: 19,90 € ; 192 p.
ISBN: 9782365699174

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