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Après 20 ans chez Gallimard, Joëlle Losfeld lance sa propre maison d’édition

Joëlle Losfeld - Photo Olivier Dion

Après 20 ans chez Gallimard, Joëlle Losfeld lance sa propre maison d’édition

Après deux décennies chez Gallimard, Joëlle Losfeld renoue avec son indépendance en lançant sa propre maison, Le Terrain vague-Losfeld. Un projet personnel faisant écho à l’héritage de son père, et qui verra le jour en 2026. 

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Par Élodie Carreira
Créé le 31.07.2025 à 14h57

Après vingt-deux ans de collaboration avec les éditions Gallimard, Joëlle Losfeld prend le large. Figure discrète mais incontournable de l’édition, l’éditrice s’apprête à lancer, en 2026, sa propre maison : Le Terrain vague-Losfeld. Un nom en forme d’hommage - et d’émancipation -, à son père, Eric Losfeld, éditeur et écrivain anticonformiste disparu en 1979.  

« J'ai voulu retrouver mon indépendance et renouer avec un certain artisanat »

« J’ai passé 22 ans sous la tutelle des éditions Gallimard, même si j’ai toujours gardé une certaine liberté grâce à mon nom, que je n’ai jamais cédé. Néanmoins, le phénomène de concentration de plusieurs marques au sein de grands groupes à l’œuvre aujourd’hui ne me correspond pas. J’ai toujours aimé faire de l’édition, alors, pour cette dernière partie de ma vie, j’ai voulu retrouver mon indépendance et renouer avec un certain artisanat », confie la septuagénaire à Livres Hebdo.

Ce départ, Joëlle Losfeld l’avait en tête depuis longtemps. Mais les années ont filé à toute vitesse. En 2003, Gallimard rachetait sa maison éponyme – Joëlle Losfeld – fondée en 1991 sur les cendres de celle de son père. Tenace, l’éditrice y avait néanmoins su imposer son nom et préserver l’identité éditoriale d’une maison transformée en une discrète collection, placée sous sa direction.

Aujourd’hui, grâce au legs financier laissé par sa mère décédée il y a deux ans, Joëlle Losfeld relance la machine. Cette fois, l’éditrice entend bien se délester du poids du spectre familial qui a longtemps plané sur le début de sa carrière : « Le secteur a changé, les interlocuteurs ne sont plus les mêmes. Et puis, après plus de 35 ans de métier, je me suis fait un nom, une réputation ; on n’attend plus de moi que je poursuive les travaux de mon père », explique-t-elle.

Un projet en terrain vague

Si Joëlle Losfeld garde la propriété de la collection éponyme chez Gallimard, elle laisse néanmoins à la maison le soin de gérer son fonds. Une façon d’assurer la continuité de ses auteurs, tout en évitant de déterrer les pierres. « Si j’avais voulu les récupérer, il aurait fallu tout détruire puis tout republier, explique-t-elle. J’ai donc préféré que ce stock, qui s’est considérablement enrichi au fil des années, reste là où il est. Mais il est évident que si je souhaite republier certains manuscrits, Antoine Gallimard ne s’y opposera pas. »

Pas de nostalgie pour autant : c’est vers l'avenir que l’éditrice se tourne. Ainsi, Le Terrain vague-Losfeld accueillera des textes de littérature générale, à commencer par ceux d’auteurs qui lui sont restés fidèles : Richard Morgiève, Lisa Harding, Lisa McInerney, Sebastian Barry, ou encore Nagui Zinet, son dernier coup de cœur.

Pour l’heure, la structure reste en construction. Diffuseur, distributeur, partenaires : rien n’est encore officialisé. « J’ai contacté plusieurs éditeurs, notamment pour dégager des frais. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’aspire à une certaine liberté et à ce que cette maison soit un terrain vague dont les barrières restent ouvertes et les récits, en marge », argue Joëlle Losfeld. Une chose, pourtant, ne fait aucun doute : c’est bien elle qui tient la barre — et la plume.

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