Résidence

Virginie Symaniec (Le ver à soie) : « Les résidences, c’est important aussi pour les éditeurs »

Virginie Symaniec devant la librairie des Métamorphoses (Douarnenez), dans le cadre de sa résidence, fin mai 2024.JPG - Photo Valérie Caillaud

Virginie Symaniec (Le ver à soie) : « Les résidences, c’est important aussi pour les éditeurs »

Virginie Symaniec, fondatrice de la maison d'édition Le ver à soie, achève sa résidence d’une semaine à la librairie des Métamorphoses, à Douarnenez (Finistère). L’occasion pour cette façonnière sans distributeur de rencontrer de futurs clients, libraires ou lecteurs et même écrivains, et de réfléchir à son métier.

Par Fanny Guyomard
Créé le 27.05.2024 à 11h04 ,
Mis à jour le 10.06.2024 à 09h41

Rien ne vaut un bon bol d’air marin pour trouver l’inspiration. Et une résidence littéraire. Virginie Symaniec, qui œuvre habituellement dans les Yvelines, aux Essarts-le-Roi, vient d’en faire l’expérience en jetant l’ancre à la librairie des Métamorphoses, dans la ville aux trois ports de Douarnenez (Finistère). Une résidence d’une semaine libre et originale, pour cette éditrice indépendante et autonome du Ver à soie.

Editrice nomade

La semaine, elle fabrique ses livres ; le week-end, on la trouve sur la place du marché. « Je travaille comme saisonnière, vise une région et essaie de candidater à un maximum de marchés. Pendant deux mois, je vais exposer entre 80 et 90 fois », explique celle qui vit de son activité depuis onze ans. Même chose pour cette résidence : une véritable tournée d’une semaine, pour rencontrer de futurs clients.

Ce samedi 25 mai dans la matinée, elle montait son étal devant la librairie pour présenter ses livres aux passants, et notamment la nouveauté Chausson, chat de rien de Jacqueline Dérens, qui l'a rejointe l’après-midi pour une séance de dédicaces. Virginie Symaniac a également fait halte au marché de Moëlan-sur-Mer, où elle a aussi donné un atelier d’écriture de poésie, cette fois à la médiathèque-tiers-lieu. Sur la route, elle va à la rencontre de libraires. « Nous allons trouver des manières de travailler ensemble de façon plus pérenne », se projette l’éditrice qui imprime et envoie les 2 000 livres qu’elle fabrique chaque année. Elle n’a qu’elle-même comme vitrine. « Comme personne ne me connaît et ne m’attend, je vais donc vers les gens, je crée une demande. Une fois que les lecteurs me connaissent, ils peuvent me commander les ouvrages », ajoute l’artisane.

Economie circulaire

Sa maison crée sa demande, et en offre autant. Peu de stock, et pas de pilon. Les chutes de papier servent à créer des marque-page ou des carnets, et les recettes des ventes permettent de racheter du papier. Ses machines d'imprimerie sont reconditionnées, et lorsqu’elle a besoin d’un instrument spécial, elle se rend chez un imprimeur du coin qui lui loue son outil. Comme des voisins se partageant la tondeuse à gazon que chacun n’utilise qu’occasionnellement.

« C’est important de connaître son territoire, puis d’échanger nos compétences et nos moyens. De créer une économie circulaire et vertueuse », défend Virginie Symaniec. Et d’ajouter : « Pas de profit, pas de précipitation. On prend notre temps, on passe pour des gens qui n’ont pas d’ambition, mais on cherche la robustesse ».

Rencontre surprise

Elle n’est pas rémunérée pour cette résidence, mais est logée et conseillée par la libraire qui l’accueille, Valérie Caillaud. « On se dit toujours que les résidences, c’est pour les auteurs, mais c’est important pour les éditeurs aussi de rêver, de penser à l’avenir du catalogue. C’est encore mieux quand on le fait avec un libraire, qui m’a fait découvrir des écritures que je ne connaissais pas ! » Comme celle de l’auteur Velibor Čolić, de passage dans la région avec l’historien spécialiste des Balkans Jean-Arnault Dérens. Un repas entier dans l’arrière-boutique, tous ensemble, de riches discussions. Le soir, l’éditrice en résidence regagnant son studio attenant. « Je pourrais venir lire dans la librairie la nuit… Le bonheur ! »

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