La première découverte marquante de la rentrée étrangère nous vient de Finlande. La guerre d’hiver, un "roman conjugal", permet de découvrir la virtuosité d’un jeune écrivain du nom de Philip Teir. Né en 1980, celui-ci met en scène les interrogations des différents membres d’une même famille. Max Paul et sa femme Katriina, un couple en crise, ont eu deux filles, Helen et Eva.
Le lecteur fait peu à peu leur connaissance. Max approche de la soixantaine, n’a toujours pas son permis de conduire et joue au tennis. Professeur de sociologie qui pense que le monde est en train de se "changer en galerie marchande", il est surtout célèbre pour une étude sur la vie sexuelle qui a fait jadis grand bruit, au temps où il était élu jeune intellectuel de l’année par un magazine.
Son épouse Katriina, qu’il a rencontrée trente ans plus tôt dans les couloirs de l’université, s’autorise trois cigarettes par jour mais n’arrive souvent pas à s’y tenir. Il s’agit là d’une femme qui n’a jamais hésité quand elle voulait dire quelque chose. Katriina pense que le mariage est "une forme de tyrannie réciproque, comme vivre dans un état totalitaire hautement fonctionnel". Elle s’occupe des ressources humaines pour le secteur santé d’une grande entreprise.
L’aînée de leurs filles, Helen, est une enseignante qui s’est mariée et a eu des enfants tôt. Eva, la cadette, est quant à elle partie étudier l’art à Londres. Philip Teir passe de l’un à l’autre de ses personnages avec une pareille aisance. Une même justesse et finesse. Le débutant affine d’un chapitre à l’autre ses portraits. Comédie dramatique parfaitement dosée qui mélange chronique et satire, La guerre d’hiver interroge sur la manière dont on se débrouille avec la vie qu’on a plus ou moins choisie. Comment on maintient, ou non, le cap. Al. F.