Amies prodigieuses. « Le soir, quand Nina s'endort, elle songe aux grandes personnes qui ont la chance de pouvoir se remémorer des moments importants de leur vie. Un voyage, une cérémonie de mariage, une journée particulière, un baptême. Elle envie le père de Camille d'avoir si bien vécu, et ses parents qui possèdent un immense réservoir de souvenirs alors qu'elle n'a rien, elle. Elle voudrait pouvoir se retourner sur son passé [...] Pense pas à ça, lui dit Camille. Pense à demain. »
Bordeaux, septembre 1970. Nina et Camille rentrent ensemble en sixième. Ni leur caractère ni leur physique ne peuvent être confondus : qu'importe, puisqu'elles sont amies comme on ne sait l'être, absolument, que dans l'enfance. Elles voudraient bien qu'il leur arrive quelque chose, sans vraiment savoir quoi, et ce désir les poursuivra durant toute leur scolarité. Elles font du piano, du théâtre, s'imaginent devenir médecin, s'exaspèrent autant qu'elles aiment leurs parents. Bref, la vie passe. Et c'est très doux, et c'est infiniment déchirant. Nina et Camille sont les héroïnes du nouveau roman de Sophie Avon. Peut-être le plus beau depuis Ce que dit Lili (Arléa, 2007) qui déjà abordait aux rives des « verts paradis ». L'enfance, en littérature, c'est délicat. Qu'on la pousse vers trop de puérilité ou qu'on la prive de mystère, c'est même rarement réussi. Que Sophie Avon sache si bien se garder de ces écueils, voilà ce qui fait tout le prix de ce très sensible et constamment juste Les filles. Sans jamais avoir recours à la psychologie, l'autrice fait ce qu'une romancière doit faire : donner à voir. La malle aux trésors de l'âge des possibles.
Les filles
Mercure de France
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 17 € ; 176 p.
ISBN: 9782715267558
