Madame rave. « Sans la musique, la vie serait une erreur. » La narratrice de La baptiste adhère à fond à la maxime nietzschéenne ! Quoique, petite précision : chez Anastasie, protagoniste du premier roman de Cécile Delacoudre, « musique » est à entendre affublée de l'épithète « électronique », un son qui pulse au moins à 160 battements par minute. Selon le philosophe d'Ainsi parlait Zarathoustra, deux forces s'affrontent dans le monde : le dionysiaque et l'apollinien, la démesure sous le signe du dieu de l'ivresse et la raison sous les auspices de celui qui incarne la lumière. Alors, n'importe quoi ou vie bien réglée ? Pas photo pour la DJette : « J'aime faire la bringue, je suis née pour ça. Glorifier la vie, la beauté du monde et le plaisir d'être ensemble, c'est mon dada. » Et « Tasie » de nous entraîner dans les entrailles de la night. Elle est aux platines et c'est la grand-messe techno. Qu'importe le texto que lui a envoyé Samuel, le père de sa fille, pour lui rappeler le rendez-vous du lendemain. Même séparée de lui, elle l'a sur le dos, il la tanne pour « la piqûre ». C'est qu'à la camisole neuroleptique, à l'injection censée soigner son addiction, Anastasie préfère boire, fumer, gober, sniffer... La mère toxico a perdu la garde de son Alice chérie. Au-delà du ton déjanté, un brin bravache et complètement mystique de l'héroïne (elle se vit comme une prophétesse), La baptiste est un touchant portrait de femme en forme de croisade pour la communion des êtres par la musique. Car à quoi bon la réalité si elle n'est pas augmentée par l'amour...
La baptiste
Le Dilettante
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 22 € ; 256 p.
ISBN: 9791030801774
