Les prix de la Porte Dorée ont révélé mardi 25 novembre leurs deux lauréates 2025. Le prix littéraire couronne Jakuta Alikavazovic pour Au grand jamais (Gallimard), tandis que le prix BD récompense Clara Lodewick pour Moheeb sur le parking (Dupuis). Cette annonce marque la seconde remise des prix de la Porte Dorée cette année après celle du mois de mai, les organisateurs ayant décidé de modifier le calendrier. La nouvelle périodicité sera maintenue pour les prochaines éditions.
Dotées chacune de 4 000 euros, ces distinctions valorisent les écritures qui interrogent notre rapport aux récits migratoires, à la mémoire, au déplacement et aux transformations du monde. Au total, six romans et sept bandes dessinées étaient en lice.
Deux œuvres sur l'exil et la transmission
Le prix littéraire, créé en 2010, a salué Jakuta Alikavazovic pour une œuvre qui explore la transmission intime, ses silences et ses héritages. La remise était présidée par Olivia Elkaïm, présidente du prix littéraire 2025 entourée du jury : Hemley Boum (romancière), Sylvain Bourmeau (journaliste et producteur de radio), Elgas (sociologue et écrivain), Laëtitia Guédon (metteuse en scène), Baptiste Liger (directeur de la publication de Lire), Caroline Hinault (ancienne lauréate), et des lycéens de l’académie de Paris, Créteil ou Versailles. Ce prix a déjà distingué des auteurs majeurs tels qu'Alice Zeniter, Mohamed Mbougar Sarr, Michaël Ferrier, Henri Lopes, Mathias Énard, Julien Delmaire, Sylvain Prudhomme, Doan Bui, Négar Djavadi, Omar Benlaâla, Mehdi Charef, Hadrien Bels, Nedjma Kacimi, Polina Panassenko, Élise Goldberg, Seynabou Sonko et Caroline Hinault en 2024.
Le prix BD, créé en 2022, salue quant à lui Clara Lodewick pour une bande dessinée qui donne à voir la fragilité et la dignité de ceux qui attendent une place dans nos sociétés. La remise a été présidée par Fabien Toulmé, entouré de Sonia Déchamps, Lise Kennel, Kamel Khélif, Karim Miské et d'un membre du Book Club du pass Culture. Le prix a déjà récompensé Kei Lam (2022), David Sala (2023), Charles Berberian (2024) et Kamel Khélif (2025).
La fiction comme espace de l'exil
Pour Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée, ces lauréates incarnent la puissance de la fiction face aux récits d'exil : « Cette année, nos deux lauréates rappellent avec une force rare que la fiction – qu'elle prenne la forme de mots maniés dans une langue puissante ou de dessins bouleversants de justesse – est l'un des plus beaux espaces pour raconter l'exil. Jakuta Alikavazovic explore la transmission intime, ses silences et ses héritages, tandis que Clara Lodewick donne à voir la fragilité et la dignité de ceux qui attendent une place dans nos sociétés. Leurs œuvres nous invitent à regarder autrement, à ressentir profondément, et à ne jamais oublier que derrière chaque histoire migratoire, il y a une vie, une voix, un visage. »