Le prix Pierre Daix 2025 a été décerné ce lundi soir à Elvan Zabunyan pour son ouvrage Réunir les bouts du monde : Art, histoire, esclavage en mémoire, publié en octobre 2024 aux éditions B42.
Ce prix récompense chaque année un ouvrage consacré à l'histoire de l'art moderne et contemporain. Son jury, présidé par Emma Lavigne, directrice générale et conservatrice générale de la Collection Pinault, était composé de Laure Adler, Jean-Louis Andral, Martin Bethenod, Nathalie Bondil, Jean-Pierre Criqui, Cécile Debray, Donatien Grau, Christophe Ono-dit-Biot, Bruno Racine et Pascal Rousseau.
Créé en 2015 par François Pinault en hommage à son ami journaliste, écrivain et historien de l'art Pierre Daix, disparu en 2014, le prix voit sa dotation portée à 15 000 euros pour cette 10e édition. Pierre Daix était un spécialiste de l'art du XXe siècle, militant, résistant et grande figure intellectuelle de son époque.
Une exploration de la mémoire de l'esclavage par l'art
Professeure à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste de l'art africain-américain depuis 30 ans, Elvan Zabunyan propose dans cet ouvrage de 352 pages une rencontre avec des œuvres visuelles, littéraires et musicales états-uniennes et caribéennes qui portent en elles la mémoire de l'esclavage transatlantique.
Le livre s'organise autour des quatre éléments naturels : l'eau, la terre, le feu et l'air, pour explorer différentes dimensions de cette histoire. « La référence aux éléments naturels s'est imposée au moins cinq ans avant de commencer à écrire, explique Elvan Zabunyan dans un entretien donné en octobre dernier à Maxime Gasnier, responsable de la communication éditoriale de Pinault Collection. Je devais trouver une façon d'organiser mes archives et j'ai très vite constaté que l'eau, la terre, le feu et l'air me permettaient d'étudier les œuvres sans les enserrer dans une approche thématisée. »
L'ouvrage célèbre des figures importantes de la scène africaine-américaine et caribéenne, tels qu'Arthur Jafa, Frank Bowling, Lorna Simpson, Ellen Gallagher, John Akomfrah ou Isaac Julien. « C'est par l'art que je m'engage dans l'exploration de l'histoire, notamment celle de l'esclavage », précise l'autrice. « En remontant au XIXe siècle, j'analyse les combats abolitionnistes, en amont et au-delà de 1865, date qui marque aux États-Unis l'émancipation des personnes mises en esclavage à l'issue de la guerre de Sécession. »
Première Bourse Pierre Daix pour Clara Royer
Le 10e anniversaire du prix Pierre Daix a aussi été l'occasion de créer la Bourse Pierre Daix, dotée de 5 000 euros et destinée à soutenir l'écriture de jeunes historiens de l'art de moins de 35 ans. Pour cette première édition, la récompense a été attribuée à Clara Royer, doctorante à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Née en 1997, Clara Royer consacre sa thèse à l'art télématique. Ses recherches retracent, au tournant des années 1980, l'émergence d'un réseau d'artistes ayant fait des infrastructures globales de communication, satellites, vidéophones, slow-scan television, les instruments d'un laboratoire plastique et expérimental de la connectivité, à travers l'Europe, les Amériques et le bassin Pacifique.
Les candidatures à la bourse sont proposées par les membres du jury du prix, sur la base de travaux remarqués au cours de l'année.