Trouble identité. Être arabophone quand on habite dans un pays du Golfe, ça aide, avoue ce natif des pays de Loire et auteur de L'Arabe confus. Sofiane Si Merabet a grandi à Nantes dans une famille d'origine algérienne où on parlait l'arabe à la maison, il vit à Dubaï depuis 15 ans. « Le fait d'avoir l'arabe comme langue maternelle. C'est là un puissant outil d'intégration dans la définition de l'arabité. » Mais lui-même, comment se définit-il ? Confusément. « Parce que mes interrogations identitaires sont doubles : si je suis arabe, qui suis-je ? Si je suis français, qui suis-je ? » Mais reprenant le titre de son compte Instagram en anglais The Confused Arab, l'auteur traite ici surtout l'identité arabe contemporaine. Si Être arabe (Actes Sud, 2005) de Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar avait abordé le sujet, l'essai de Sofiane Si Merabet, d'une autre génération (il est né en 1981) entend ne pas éviter certaines questions sociétales qui parfois fâchent au sein même de cette communauté arabophone. De l'obsession génétique (les tests ADN connaissent un succès fou du Maghreb au Levant en passant par le golfe Arabique) à la vision du corps arabe (véhiculée par les fantasmes occidentaux mais également nourrie de clichés patriarcaux endémiques), l'auteur célèbre une nostalgie arabe- le meilleur de l'Orient. Contre l'intolérance intégriste ou les préjugés homophobes : le philosophe Averroès et l'esprit de Cordoue, le poète de la période abbasside Abû Nuwâs qui chantait l'amour des garçons... Et ainsi de réinventer le futur des jeunes Arabes à l'identité plurielle et curieux du monde.