Poètes fantômes. Certains étaient des esclaves, comme Pompeius Lanaeus, que n'aimait pas Salluste ; d'autres des affranchis, comme Tullius Laurea, qui rédigea l'éloge funèbre de Cicéron ; d'autres de riches aristocrates, comme Hortensius. De certains, même, on ignore tout, comme ce Nardus, dont seule l'épitaphe a été retrouvée à Nola, près de Naples, le qualifiant de « poète pudique » ; ou encore ce Loreius Tiburtinus, dont on a trouvé un poème graffité sur les murs du petit théâtre de Pompéi. Mais tous furent écrivains, souvent des poètes, et ont vécu dans la Rome antique, sous la République, soit avant qu'Auguste n'instaure le Principat (que nous appelons l'Empire), en 27 av. J.-C. C'est le choix de l'auteur Pierre Vesperini, latiniste et philosophe, qui semble n'apprécier guère les autocrates.
S'il a rassemblé ici tous ces lettrés, c'est que leurs œuvres ont entièrement disparu. Parfois leur nom seul demeure, parfois quelques vers cités par d'autres. C'est le cas du noble Catulus, consul et ennemi du dictateur populiste Marius, contraint par lui de se suicider. Amoureux de l'acteur Roscius, il écrivait ceci : « Je m'étais levé, je saluais l'aurore qui se levait, / Quand soudain à ma gauche Roscius se leva./ Avec votre permission, dieux célestes, je dis / Que le mortel m'a paru plus beau que le dieu. » Pierre Vesperini a eu bien raison de ressusciter ces « poètes fantômes », avec érudition, mais aussi émotion. Leurs mots nous touchent. Ils ne sont donc pas tout à fait morts.
Lumières de nuit : poètes et lettrés oubliés de la Rome ancienne
Belles lettres
Tirage: NC
Prix: 13 € ; 210 p.
ISBN: 9782251454702