Cinq ans après...

À Pékin, les éditeurs français à la recherche d’un nouvel élan

Le stand du Bief de retour à la Foire de Pékin pour la première fois depuis 2019 - Photo ED

À Pékin, les éditeurs français à la recherche d’un nouvel élan

De retour à la Foire International du livre de Pékin (BIBF) pour la première fois depuis cinq ans, le Bief a mobilisé les représentants de 80 maisons françaises pour un marché de cessions de droits toujours important mais dont la croissance a ralenti ces dernières années.

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Par Éric Dupuy à Pékin ,Chine
Créé le 19.06.2024 à 17h59

À Pékin plus qu’ailleurs cette année, « l’importance de se voir », répétée par Judith Rosensweig, directrice du service des droits étrangers de Gallimard, prend un sens particulièrement fort car cela fait cinq ans que la BIBF – qui se déroule jusqu'au 22 juin, n’avait pas accueilli le Bief (Bureau international des éditeurs français) en son sein.

La Chine pèse 11% des exportations de titres français

Et depuis cinq ans, les contrats de cessions entre éditeurs français et chinois ont stoppé leur progression engagée lors des années pré-Covid. En 2023, ce sont tout de même 1 383 contrats qui ont été conclus entre la France et la Chine, représentant 11% de l’exportation de titres français vers l’étranger, dont plus de la moitié sont issus du secteur jeunesse  (lire ci-dessous). « Pékin est une foire importante, explique à Livres Hebdo Nicolas Roche, le directeur général du Bief. Et il y avait beaucoup d’impatience de reprendre un contact physique avec les éditeurs chinois pour reprendre les termes d’une collaboration dynamique ».

BIBF Beijing Book Fair
Nicolas Roche, Iong Yuan, Huang Yaqin et Judith Rosensweig lors d'une table ronde sur les relations éditoriales entre la France et la Chine à la BIBF 2024- Photo © ED

D’autant que le marché du livre chinois connaît de nombreuses évolutions fulgurantes ces dernières années, notamment dans les canaux de distribution. En dix ans, la vente en ligne est passée de 20 % à 80 % du marché. Cela a entraîné également une nouvelle manière de communiquer pour les éditeurs, qui sont devenus producteurs de mini-clips vidéo pour les réseaux sociaux de type TikTok. Avec 183 000 nouveaux titres par an, qui représentent 15 % des ventes (contre 85 % pour le fonds), le marché chinois est tiré par la jeunesse (30 %), le périscolaire (20 %) et la littérature (10 %), selon les données d’OpenBook, l’observatoire du marché du livre chinois créé en 1998 qui l’estime en 2023 à 91 milliards de yuans (12,1 milliards d’euros).

Déjà 27 647 traductions chinoises de livres français

« Les livres français ont une capacité de vente supérieure à la moyenne en Chine », a analysé Yang Lee, d’OpenBook, en introduction à une table ronde entre éditeurs français et chinois organisée mardi, au premier jour de la Foire. Concrètement, l'un des 27 647 titres d’origine française présents sur le marché chinois se vend légèrement mieux que la moyenne de l’ensemble. Les deux premiers titres français les plus vendus en Chine ? Il s'agit de 20 000 lieues sous les mers, de Jules Verne et des P’tites poules, de Christian Jolibois (Bordas).

C’est l’avantage de la France, retient Huang Yaquin, traductrice et éditrice chez Shanghai Traduction, « dont les ouvrages jeunesse offrent une coloration plus séduisante que d’autres ». Les éditeurs chinois sont également amateurs de sciences humaines et sociales de « manière robuste et durable » commente Judith Rosensweig, qui milite pour dynamiser les échanges, alors que la non-fiction est en croissance dans ce marché si particulier et qui évolue donc vite, malgré une difficile rentabilité des ouvrages traduits, notamment pour la littérature contemporaine.

Concernant les tendances éditoriales, les livres sur le féminisme « ont un certain succès », estime Huang Yaquin, même si les Chinois privilégient sur ce thème les livres venus de pays voisins comme le Japon et la Corée du Sud. En revanche, la vague des ouvrages liés aux sujets environnementaux, qui se développe à travers la planète, ne semble pas encore investir l’Empire du Milieu. Les aides à la traduction comme le programme Fu Lei proposé par l’Institut français de Chine, ainsi que les grands prix littéraires d’automne permettent aux éditeurs de cibler leurs choix français en termes de littérature. Ces derniers, comme leurs homologues français, estiment que les fellowships bilatéraux entre France et Chine, arrêtés depuis 2019, devraient reprendre. La balle est dans leur camp.

Les échanges de droits vers la Chine par secteur*

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