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Devenue, en 2013, le premier partenaire de la France à l'international, la Chine a entamé depuis quelques années une réduction de ses achats de droits de traduction. « Les cessions ont augmenté graduellement jusqu'en 2017, où nous avons atteint un pic de 2 130 contrats signés, mais la courbe s'est inversée en 2018, pour descendre à 1 266 titres en 2020, dans le contexte de crise sanitaire », retrace Judith Oriol, attachée culturelle pour le livre et le débat d'idées à l'institut français de Chine. Pour cette ancienne des droits étrangers de Gallimard, ce repli tient à la volonté du pays de Xi Jinping, qui achète le plus de livres au monde, de rééquilibrer la balance en exportant sa littérature (à titre de comparaison, la France n'a traduit que 53 livres chinois en 2020), et de favoriser les publications nationales. « Il devient de plus en plus compliqué d'obtenir les ISBN dans le cadre de traductions, cela peut décourager certains éditeurs. »

Pour autant, la Chine reste le premier acheteur de droits tricolores, loin devant l'Italie et l'Espagne, et le livre français conserve une très forte aura à Pékin. En 2020, 717 de nos titres jeunesse, célébrés pour leur créativité, ont séduit des maisons d'édition chinoises. « T'choupi et la collection "Kididoc" se sont très bien vendus, et on peut encore atteindre de belles enchères sur un album "one shot" », relève Marie Dessaix, directrice des droits étrangers de Nathan, pour qui les contenus éducatifs venus de nos latitudes sont ceux qui séduisent le plus.

En plein boom partout dans le monde, la BD franco-belge croît de façon plus timide, concurrencée par le manga et les comics, et la Chine, qui compte de grands lecteurs de sciences humaines, continue de réserver un bel accueil à la French Theory, de Deleuze à Derrida. « Finalement, l'enjeu aujourd'hui c'est la fiction contemporaine », observe Judith Oriol, la Chine se concentrant jusqu'à présent sur les très gros vendeurs primés, Houellebecq, Modiano ou Le Clézio.

 

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