Quels seront les temps forts de cette 18e édition ?
Georges Morin - Ils sont très liés, d'abord, au coup de projecteur mis, cette année, sur les lettres marocaines (plus de livres édités dans ce pays, plus d'auteurs qui en viennent, plus de thèmes de débats). Des écrivains comme Kébir-Mustapha Ammi, Zakya Daoud, Ghita El-Khayat, Fouad Laroui, Mohamed Nedali ou Sapho, des universitaires comme Youssef Belal, Maati Monjib, El-Yamine Soum, des jeunes talents comme Naïma Rachdi, Maria Guessous, Fadwa Islah, Kaoutar Harchi ou Sonia Terrab, des journalistes comme Karim Boukhari ou Ignace Dalle. Ce sont les premiers noms qui me viennent à l'esprit, sur cette trentaine d'auteurs marocains ou liés au Maroc.
L'actualité politique s'invite aussi au Maghreb des livres.
De nombreux titres relatifs aux révolutions arabes seront naturellement présents. Nous aurons en outre le plaisir d'accueillir de jeunes auteurs, venus de Tunisie, qui non seulement ont écrit, mais ont été acteurs de ce formidable mouvement de libération. Je pense notamment à Lina BenMhenni, auteur de Tunisian girl. Blogueuse pour un printemps arabe (éd. Indigènes) ou encore à Najeh Missaoui et Oussama Khalfaoui, auteurs de Dégage Dégage Dégage (éd. Sefraber). Ils participeront d'ailleurs à un café littéraire sur les révolutions arabes, le dimanche 12 février.
Le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne aura aussi, bien sûr, toute sa place dans cette édition, avec la présence de nombreux titres sur le sujet, la table-ronde « Histoire » consacrée à la solidarité maghrébine avec les Algériens durant la guerre, un café littéraire sur les Pieds-noirs et un autre sur la tragique journée du 17 octobre 1961, ainsi qu'un hommage à Frantz Fanon.
Un troisième thème enfin très présent, après cette « annus horibilis » que nous avons connue avec ces « débats » nauséabonds sur l'identité nationale, la laïcité, l'islam, c'est celui de l'identité plurielle de la France, affirmée dans beaucoup de romans et d'essais : une identité plurielle qui s'est forgée au cours des siècles et qui fait toute la richesse et l'attractivité culturelle de notre pays.
Comment se passe votre retour à l'Hôtel de ville de Paris ?
Nous avons été très heureux de retrouver l'an dernier, après quelques années « d'exil », dues aux travaux de remise aux normes de sécurité, les superbes locaux de l'Hôtel de Ville de Paris où le maire de la capitale nous accueille depuis 2001. C'est un cadre prestigieux qui offre le grand avantage pour les visiteurs d'être très central. Les services de la Ville nous apportent de surcroît une aide précieuse. Du côté des inconvénients, nous devons nous plier à des normes de sécurité assez drastiques qui compliquent un peu l'organisation de la manifestation en termes d'aménagement des espaces. Mais nous nous plions bien volontiers à ces impératifs, que nous retrouverions, de toute manière, dans tout autre espace public.
Quel est votre objectif de fréquentation ?
Depuis quelques années, le nombre des visiteurs se situe dans une fourchette comprise entre 5 000 et 6 500 visiteurs. Compte tenu des temps forts évoqués plus haut et de l'intérêt qu'ils suscitent, nous devrions plutôt nous rapprocher de notre « record » de 2001, où nous avions accueilli près de 6 500 visiteurs sur les deux jours de la manifestation.
Propos recueillis par m.p.
(Voir également LH 893, du 20 janvier 2012, p. 8.)