La 52ᵉ édition du Festival international de la BD d’Angoulême, qui se tiendra du 30 janvier au 2 février 2025, a dévoilé sa programmation, jeudi 21 novembre, lors d’une conférence donnée au Musée de la Marine, à Paris. Sous la bannière « La vie en BD », la manifestation promet une édition « très internationale », tournée vers son invitée d’honneur, l’Espagne, mais aussi vers les créations nippones et l’avant-gardisme des productions anglo-saxonnes.
« Cela fait des années que notre ambition est internationale », a lancé Marie Fabbri, coordinatrice du Marché international des droits (MID). « Le MID accueille les éditeurs du monde entier. La France est toujours un important confluant international et la BD francophone se hisse encore, cette année, à la tête des cessions de droits », a-t-elle ajouté, partageant sa joie de pouvoir offrir un coup de projecteur, cette année, à la création espagnole.
L’Espagne, pays invité d’honneur
Ratifiée en juillet dernier, la collaboration du FIBD et du ministère de la Culture espagnol, pour célébrer l’effervescence créative du 9e art ibérique, s’illustrera donc sous la houlette du slogan « Vignettes de talent ». « Nous sommes ravis de cette visibilité donnée au secteur, à sa biblio diversité et à plus de 70 de nos auteurs et autrices », a déclaré Maria Jose Galvez, directrice générale du livre, de la BD et de la lecture du ministère de la Culture espagnol. Pour l’occasion, le pays d’honneur bénéficiera d’un panorama coloré déployé dans le centre historique de la ville. L’occasion de redécouvrir les auteurs espagnols acclamés, de Juanjo Guarnido, auteur de Blacksad, à Ruben Pellejero, nouveau dessinateur du célèbre marin Corto Maltese.
Au pavillon de l’Unesco, une délégation d’auteurs et éditeurs espagnols sera également au cœur d’une série de rencontres, dans le cadre d’une exposition sur les lauréats du prix national de la BD espagnole. Côté professionnel, une conférence sera entièrement dédiée au dynamisme de la création espagnole.
Des héros pour tous les goûts
Du comics au roman graphique, la diversité du genre de la bande dessinée sera au cœur de plusieurs autres expositions. Grand prix de la Ville d’Angoulême 2024, la dessinatrice Posy Simmonds verra son travail consacré, comme le veut la tradition, dans une exposition intitulée « Herself ». Celle-ci, ponctuée d’inédits de l’artiste et des œuvres qui l’ont inspirée, se veut une immersion dans un art où les frontières du politique et de l’intime se dissolvent, ébranlées par des figures féminines qui renversent tous les codes sociaux. Tout comme John Romita Jr, « maître du style Marvel », l’illustratrice rencontrera son public lors de différentes masterclass.
Une autre mise à l’honneur concerne la figure de Superman, au cœur d’une exposition « Superman, le héros aux mille-et-une vies » pour redécouvrir « cet émigré sur Terre comme à la vie », comme l’ont défini Marguerite Demoëte et Fausto Fasulo, directeurs artistiques du festival. De son côté, le Quartier jeunesse entend « régler ses contes » avec la BD, autour de cinq univers portés par Benjamin Lacombe, le trio d’auteurs d’Emile et Margot, Miyako Miiya, Emile Bravo ou encore par le duo Frédéric Maupomé et Wauter Mannaert, pères de La Quête (Le Lombard).
Un 9e art nippon à la croisée des genres
Non des moindres – en témoigne le vaste quartier « Manga city », imaginé post-pandémie, l’art japonais se verra célébré à travers « plus de 400 planches exposées sur plus de 1 000 mètres carrés, trois auteurs conviés à trois masterclass et une mascotte, Le Nekowai, un Fauve d’or revisité dans une version effroyable par Junji Itô », a précisé Fausto Fasulo. Parmi ces mises en lumière, l’univers nordique de Vinland Saga, série culte de Makoto Yukimira, rayonnera à l’Alpha Médiathèque, la plume orfèvre de Kamome Shirahama sera sublimée dans l’exposition fantastique « L’atelier des sorciers », tandis que le mangaka Gou Tanabe verra son travail, inspiré de l’œuvre de H.P Lovecraft, au centre d’une exposition intitulée « Visions hallucinées ».
« Avec toutes ces expositions, nous souhaitions que se reflètent le dialogue, la circulation d’énergie entre l’Occident et l’Extrême-Orient. En témoigne ces mangakas qui se réapproprient et travaillent des matières historiques, des univers fantastiques qui ne sont, au départ, pas les leurs », ont expliqué les directeurs artistiques pour justifier leurs choix.
Amener les jeunes à la lecture
Enfin, à l’heure où les écrans tendent à éloigner les jeunes de la lecture, le FIBD souhaite multiplier les créations autour d’une BD jeunesse particulièrement florissante. « Nous avons indéniablement un rôle à jouer, a déclaré Franck Bondoux, délégué général du festival. C’est pourquoi nous avons la volonté de briser les formes d’entre-soi, en refusant notamment d’opposer le livre papier aux opportunités numériques ».
Ainsi, la journée du dimanche 2 février sera l’occasion pour les familles de découvrir le bus Ariol sur l’esplanade du Quartier jeunesse, d’assister à une performance en direct, autour de la Belle et signée Benjamin Lacombe ou encore d’assister à une session de lectures à voix haute, confiée à l’auteur Lucas Méthé.
À noter que, cette année, le Festival international de la BD d’Angoulême, déjà soutenu par Raja, la MGEN, ou la SNCF, bénéficiera d’un nouveau partenariat avec l’enseigne Quick, qui ambitionne de « donner une résonance à la BD auprès d’un plus grand public », a annoncé son P-DG, Frédéric Levacher. Dans le cadre de ce partenariat, l’album lauréat du Fauve Jeunesse 2025 sera notamment offert à l’ensemble des écoles primaires REP+ de France Métropolitaine (soit plus de 1 300 établissements concernés) ainsi qu’un dossier pédagogique à destination des équipes enseignantes. Dans les restaurants Quick, trois albums des aventures de Lukcy Luke seront proposés pour deux euros lors de l’achat d’un menu Lucky Luke.