Entretien avec le directeur de la Foire de Francfort

Juergen Boos : « De plus en plus de modèles collaboratifs entre éditeurs »

Le directeur général de la Foire de Francfort, Juergen Boos, lors de la 76e édition en 2024 - Photo Marc Jacquemin / FBM

Juergen Boos : « De plus en plus de modèles collaboratifs entre éditeurs »

Réduction des coûts des éditeurs, concurrence d’autres foires ou marché du livre d’occasion, le directeur de la Foire de Francfort revient sur certains enjeux du rendez-vous mondial des éditeurs en Allemagne.

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Par Éric Dupuy , Jacques Braunstein , à Francfort ,Allemagne
Créé le 22.10.2024 à 09h15

Après la clôture de la 76e édition de la Foire du livre de Francfort dimanche 20 octobre, tous les voyants sont au vert avec 230 000 visiteurs dont la moitié de professionnels (contre 105 000 professionnels l’an dernier), 4 300 exposants, soit 200 de plus qu’en 2023 et une occupation une nouvelle fois record de 593 tables par 38 000 représentants de 355 agences et maisons d’édition. Derrière ces chiffres satisfaisants, de nouveaux enjeux et des problématiques qui perdurent et sur lesquels revient pour Livres Hebdo le directeur de la Foire, Juergen Boos

Livres Hebdo : Vous révélez des chiffres de fréquentation en augmentation alors que les travées semblent moins encombrées. Comment l'expliquez-vous ?

Juergen Boos : On voit de plus en plus de modèles collaboratifs entre éditeurs avec par exemple de petites maisons d’édition allemandes qui se regroupent pour affiner leur distribution et leur présence sur la Foire. Du côté des éditeurs français, avec les marques du groupe Hachette qui ont rejoint le stand collectif du Bief, ce sont des mètres carrés en moins mais des visiteurs en plus et c’est ce qui est important : que les professionnels ne désertent pas la Foire de Francfort. 

« La grand-mère des foires du livre »

Depuis la fin du Covid, plusieurs foires ont apparu ou ont augmenté le nombre de tables, comme celles de Prague ou de Bologne, qui s’ouvre à la littérature autre que jeunesse… Percevez-vous ces nouveaux rendez-vous comme des concurrents ?

Je pense qu’on reste au centre des échanges de droits, là où les nouvelles tendances se créent. Ensuite, nous avons de nouvelles collaborations avec d’autres foires qui développent des compétences particulières comme sur les jeux vidéo avec Bologne, l’audiovisuel avec Turin et comme vous l’avez mentionné avec Prague dans le cadre de leur invitation d’honneur à Francfort en 2026... Nous devons être proches des foires qui couvrent un segment en particulier, sans compétition entre nous, puisque Francfort couvre tous les segments. Nous sommes la « Grand-mère » des foires du livre ! 

« Intégrer les nouveaux acteurs »

Vous avez ouvert un espace particulier pour la romance cette année. Que cela vous a-t-il apporté ?

Il y a l’apparition depuis trois ans de nombreux acteurs dans le champ de la new romance, ou du new adult qui n’existaient pas avant. Aujourd’hui, une centaine de personnes sont aux services d'acteurs, comme Netflix ou Amazon, pour générer des millions de revenus. Ces personnes viennent d’horizons différents, avec des pratiques différentes et il faut les intégrer à notre univers.

À Francfort, on parle beaucoup de l’Intelligence artificielle depuis deux ans, un peu moins du marché du livre d’occasion, qui préoccupe également les éditeurs en France. Que peut apporter la Foire de Francfort sur ce sujet ?

J’ai remarqué que le marché de l’occasion prenait de plus en plus d’importance en France et c’est également le cas en Allemagne, mais je n’ai pas de solution miracle pour le moment. J’ai découvert ce phénomène il y a vingt ans, au Japon, et il n’y a pas de bonnes pratiques pour le combattre. À part convaincre l’opinion publique de l’intérêt de garder son livre après lecture et de se constituer une bibliothèque physique ? C'est en tout cas un sujet qui ne va pas s’évaporer…

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