12 mars > Musique France

C’est dans les années 1960 que Lester Bowie, avec ses compagnons de l’Art Ensemble of Chicago, un orchestre d’avant-garde - parmi lesquels Joseph Jarman ou le batteur chamane Famoudou Don Moye -, a forgé le concept de "Great black music". Sous un nom fédérateur se trouvaient rassemblées toutes les musiques noires vivant de par le monde, dont les stars s’appellent Miriam Makeba, John Coltrane, Duke Ellington, Youssou N’Dour, Fela Anikulapo Kuti, Bob Marley, Gilberto Gil, Stevie Wonder ou Cesaria Evora. Et aussi des musiques influencées et métissées, même si elles proviennent d’un ancien tronc commun, l’Afrique.

Déjà, dans les années 1930, Duke Ellington ne se reconnaissait pas dans l’appellation "jazz", trop réductrice à ses yeux. La Great black music englobe donc le blues et le jazz, le gospel et le funk, le hip-hop et le reggae, la bossa nova et la salsa… Dans les courants majeurs, seuls le rock et la pop, musiques de Blancs, lui échappent, même si tous les rockeurs, depuis Elvis Presley et les Rolling Stones, ont reconnu leur dette envers les musiques noires.

Mais le concept de Great black music dépasse largement la musique et cette notion est autant politique que culturelle : en prenant conscience de l’existence d’une identité musicale noire, les artistes se faisaient les porte-parole, voire les militants de la cause noire. Ainsi la Sud-Africaine Miriam Makeba, pionnière de la lutte anti-apartheid dans son pays, et qui paya son engagement par de longues années d’exil et de black-out.

Dirigé par le musicologue Emmanuel Parent, avec la collaboration d’une dizaine de spécialistes des musiques du monde, l’album Great black music constitue le catalogue de l’exposition éponyme, coproduite avec Mondomix, qui se tiendra du 11 mars au 24 août à la Cité de la musique, à Paris, version enrichie de celle déjà présentée à Dakar, Saint-Denis de la Réunion et Johannesburg. Mais c’est aussi un livre en soi, avec des portraits et des témoignages d’artistes, des extraits d’interviews, des textes de chansons, des analyses théoriques, et même une chronologie "iconoclaste " qui remonte jusqu’à l’Egypte des pharaons. Lesquels, jusqu’à Alexandre le Grand, étaient africains et noirs. J.-C. P.

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