Jusqu'au bout de sa nuit. Corps et âme... C'est d'abord le corps, le corps avant l'âme, le corps qui ne peut pas faire abstraction du désir. Mais le désir peut-il se soustraire à l'âme, à l'être profond qui anime ce corps désirant ? Leyla, la protagoniste du premier roman de Monia Aljalis, L'extase, est tiraillée entre la tradition arabo-musulmane de sa famille et une brûlante envie de s'émanciper et de connaître d'autres horizons.
Flottant dans un rêve trouble, Leyla ne distingue plus les plaisirs fantasmés de la jouissance réelle, elle « ne sait plus ce qu'elle a rêvé. Un homme, la veille, l'a besognée, tranquillement, l'air de coudre des gants de dentelles, un sourire au bout des lèvres et les coudes qui bloquent ses bras ; il ne manquait que le pop-corn ». Et là, toujours comme un double d'elle-même, alter ego voyeur, sa culpabilité observe la voluptueuse renégate : « Ses ancêtres hurlent de rage du haut de leurs nuages, son déshonneur est approuvé jusqu'à la cime des tours [...]. Elle devrait avoir honte [...]. Elle aime à se rouler dans sa propre saleté qui sent bon et qu'on aime ; seule la moiteur apaise la peine. » Travaillant dans une boîte de com', Leyla n'en peut plus, va chez le médecin, veut se faire arrêter pour dépression... Ce n'est pas tant simulé que ça, Leyla perd pied tout en le prenant. Ainsi se déploie ce récit d'une poésie incantatoire, secoué par les spasmes du plaisir et traversé par les contradictions intimes de l'héroïne. Et on la suit, comme enivré, à travers la ville, en quête de plaisir, jusqu'au bout de la nuit.
L'extase
Seuil
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 19 € ; 192 p.
ISBN: 9782021543421